La police a arrêté le bateau dans la zone d’Abram Zuil, sur la côte de l’Essequibo, région de quelque 160.000 km2 administrée par le Guyana mais revendiquée par le Venezuela.
Selon un communiqué publié mardi soir par les autorités guyaniennes, accompagné d’une photo montrant l’embarcation précaire dotée de deux moteurs, 57 hommes, neuf femmes et neuf enfants ont été interceptés lundi « sur la côte de l’Essequibo ».
« Ils ne se sont pas présentés au service de l’Immigration ni à un port d’entrée (…) Ils ont été expulsés mardi vers leur pays d’origine », selon le texte.
Cette expulsion survient alors que la tension est montée ces dernières semaines entre les deux pays. Début mars, un navire militaire vénézuélien est entré dans la zone maritime au large de la région de l’Essequibo, générant des protestations de Georgetown.
Caracas a aussi appelé à des élections dans l’Essequibo dans le cadre des régionales de 2025 où il compte faire élire un gouverneur. Georgetown a demandé à la Cour internationale de justice (CIJ), principal organe judiciaire des Nations unies, d' »ordonner au Venezuela de s’abstenir de tout acte sur son territoire souverain ».
L’Essequibo, dont la population est de 125.000 habitants, soit un cinquième de la population du Guyana, couvre les deux tiers de la superficie du pays.
Le différend ancien sur l’Essequibo a été ravivé lorsqu’en 2015 ExxonMobil a découvert des gisements qui confèrent au Guyana, pays de 800.000 habitants, les réserves de pétrole brut per capita parmi les plus élevées au monde.
Caracas estime que l’accord de Genève signé en 1966 – avant l’indépendance du Guyana – jette les bases d’un règlement négocié hors de la CIJ et soutient que le fleuve Essequibo doit être la frontière naturelle, comme en 1777 à l’époque de l’empire espagnol.
Le Guyana assure de son côté que la frontière, datant de l’époque coloniale anglaise, a été entérinée en 1899 par une cour d’arbitrage à Paris. Et demande à la CIJ de le ratifier.
Lors d’une rencontre en décembre 2023, les présidents du Guyana Irfaan Ali et du Venezuela Nicolas Maduro ont convenu que leurs pays n’utiliseraient « la force l’un contre l’autre en aucune circonstance », que ce soit « directement ou « indirectement ».