Le Japon dirigé par Shinzo Abe entend se faire respecter, notamment à Pékin

Tokyo a rappelé à l’ordre mardi le représentant de la CHine, Cheng Yonghua, pour la première fois depuis l’entrée en fonction de M. Abe le 26 décembre, afin de « protester vigoureusement » contre la présence récurrente de navires chinois dans les eaux entourant les îles Senkaku, revendiquées par la Chine sous le nom de Diaoyu. La dernière en date remonte à lundi.

Le vice-ministre des Affaires étrangères, Akitaka Saiki, a exigé que de « tels incidents ne se reproduisent plus », le diplomate chinois se contentant de réitérer les revendications de Pékin sur cet archipel situé à 200 km au nord-est des côtes de Taïwan et 400 km à l’ouest de l’île d’Okinawa (sud du Japon), en mer de Chine orientale.

La souveraineté japonaise n’est « pas négociable » et ces îles « font partie intégrante du territoire japonais », avait martelé Shinzo Abe dès le 17 décembre, au lendemain de la victoire de son Parti Libéral-Démocrate (PLD) aux législatives.

Cet homme réputé dur en diplomatie avait toutefois souhaité de meilleures relations avec son puissant voisin et surtout grand partenaire économique: plus de 343 milliards de dollars d’échanges commerciaux en 2011.

C’est la nationalisation en septembre dernier par le Japon de trois des cinq îles achetées à leur propriétaire privé nippon qui avait envenimé la situation, provoquant d’importantes manifestations antijaponaises, parfois violentes, dans de nombreuses villes chinoises pendant une semaine.

Fin décembre, Pékin avait franchi un pas supplémentaire en envoyant un avion de surveillance maritime survoler le chapelet d’îles, violant pour la première violation l’espace aérien nippon.

C’est dans ce contexte très dégradé que le Japon a annoncé mardi son intention d’élever son budget militaire pour la première fois depuis 2002.

Selon un responsable du PLD interrogé par l’AFP, le gouvernement prévoit une augmentation d’environ 100 milliards de yens (873 millions d’euros) pour l’année budgétaire 2013. Avec cette rallonge le budget de la défense devrait tourner autour de 4.700 milliards de yens (41 milliards d’euros).

Au regard du budget global de l’Etat, elle demeure relativement modeste mais constitue un signal très clair de la volonté des nouveaux dirigeants d’affirmer la place régionale du Japon, une position très dégradée selon eux par l’équipe de centre-gauche au pouvoir de 2009 à fin 2012.

Fin octobre dernier, le gouvernement de Yoshihiko Noda avait toutefois débloqué des crédits supplémentaires de 17 milliards de yens (170 millions d’euros à l’époque) en faveur des garde-côtes pour, selon l’agence de presse Kyodo, se procurer quatre patrouilleurs de 1.000 tonnes, trois autres de 30 mètres de long et trois hélicoptères capables de voler par gros temps.

De son côté, fin décembre, la Chine a ajouté deux destroyers et neuf autres navires de guerre à sa flotte de surveillance maritime.

Dès la victoire du PLD et les premières déclarations de Shinzo Abe sur les Senkaku/Diaoyu, la Chine s’était déclarée « très préoccupée » par la possible évolution du Japon sous la conduite du « faucon » Abe, même si la priorité des priorités affichées par ce dernier reste le redressement économique, avant son « agenda nationaliste » tant en diplomatie qu’en matière de défense.

Cela ne l’a toutefois pas empêché lundi au début d’une réunion gouvernementale d’entonner à pleins poumons le « Kimigayo », l’hymne national depuis la fin du 19e siècle dont les paroles sont dédiées à l’Empereur.

« Le retour du gouvernement aux mains d’un parti qui peut entonner avec force +Kimigayo+ le premier jour ouvré de l’année montre que nous avons fait le premier pas vers un rétablissement du Japon », a-t-il averti.

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