« Je suis profondément heureux », a déclaré le Premier ministre conservateur Shinzo Abe.
« La transformation industrielle du Japon en l’espace de quelque 50 ans grâce à l’alliance des traditions japonaises et des techniques scientifiques étrangères est quelque chose d’exceptionnel et il est approprié d’en faire un patrimoine de l’Humanité », a-t-il ajouté.
« Nous tenons à renouveler notre détermination à conserver et transmettre ce patrimoine aux prochaines générations », a promis le chef du gouvernement.
« Le Japon est le premier pays d’Asie a avoir réussi son industrialisation », a quant à lui rappelé le ministre de la Revitalisation des régions, Shigeru Ishiba.
Les quotidiens de tout bord, Sankei Shimbun (droite nationaliste), Yomiuri Shimbun (droite), Nikkei (centre droit), Asahi Shimbun (centre gauche), Mainichi Shimbun (gauche), ont tous placé en une cette nouvelle très attendue.
Les voisins sud-coréens et chinois s’étaient opposés à cette reconnaissance internationale au motif que sept des endroits proposés ont été des lieux de déportation et de travaux forcés pour leurs ressortissants pendant l’occupation japonaise (1910-1945 pour la Corée, 1932-1945 pour la Chine).
Le Conseil international des monuments et des sites (Icomos) avait cependant dès mai recommandé leur inscription.
« Même si les Japonais peuvent en être fiers, il convient également de prendre cette recommandation comme une occasion de regarder objectivement les différents aspects de l’industrialisation rapide du pays », avait souligné le Japan Times.
Ce quotidien avait ainsi demandé que soient prises des mesures « pour s’assurer que les visiteurs soient informés de la face sombre du passé de certains de ces lieux ».
La promesse par Tokyo d’ajouter une explication sur le fait que ces installations ont accueilli des travailleurs forcés a permis d’enterrer la hache de guerre avec Séoul.
« Pour la première fois, le Japon mentionne ce fait historique que les Coréens ont été déportés et forcés de travailler dans des conditions très dures », s’est félicité le ministère sud-coréen des Affaires étrangères.
Tokyo souligne néanmoins que lors de la normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays en 1965, le sujet avait été traité et des dédommagements accordés.
La Chine a de son côté réagi négativement par la voix de son ambassadrice auprès de l’Unesco, Zhang Xiuqin.
« Il y a toujours côté japonais des lacunes sur le bilan de l’utilisation du travail forcé, » a-t-elle déclaré, selon l’agence de presse officielle Xinhua.
Et de poursuivre: « j’exhorte le Japon à faire face à l’histoire et à prendre des mesures concrètes pour permettre une compréhension du passé intégral de chaque site. »
L’un des lieux les plus emblématiques est l’île Hashima dans la préfecture de Nagasaki, aujourd’hui en partie ravagée par les fortes vagues, la pluie et le vent.
Elle a accueilli jusqu’à 5.200 mineurs et leurs familles. Elle est aussi connue sous l’appellation Gunkanjima (île cuirassé) du fait de ses digues de béton et des structures de grande hauteur qui ressemblent à la silhouette d’un navire de guerre. Le complexe a été fermé en 1974.
Une partie des sites sont à l’inverse encore partiellement en activité, telles que les grues porte à faux des chantiers navals de Mitsubishi Heavy Industries (MHI) à Nagasaki.
C’est la première fois que des lieux encore opérationnels sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco.
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