Soutien de la première heure de l’ex-Premier ministre de droite François Fillon, ce poids lourd du Sénat se réclame d’un gaullisme social, sur une ligne jugée moins dure que celle de Bruno Retailleau, son chef de file à la Haute Assemblée, qui a été nommé pour sa part à l’Intérieur.
Il avait déjà été maintes fois évoqué lors des précédents remaniements, fort d’un profil jugé plus « constructif » que nombre de collègues de la droite.
En remplacement de la macroniste Marie Guévenoux, il récupère un portefeuille ultrasensible et émaillé d’urgences.
D’abord avec la Nouvelle-Calédonie, où 13 personnes sont mortes dans les violences depuis mai, à la suite de la mobilisation indépendantiste contre la réforme du corps électoral qui a, depuis, été suspendue.
La Martinique est aussi en proie à des tensions ces derniers jours, avec des manifestations contre la vie chère. La Guadeloupe est pour sa part touchée par des grèves d’agents EDF et subit des coupures d’électricité, tandis que Mayotte est confrontée aux conséquences d’une crise notamment migratoire.
La nomination de M. Buffet a été accueillie positivement en Nouvelle-Calédonie, du côté indépendantiste comme du côté loyaliste.
– « Ecoute » –
Il y avait piloté une délégation transpartisane lors d’un déplacement dès la mi-mars, alertant à l’époque sur les risques d’une dégradation de l’ordre public dans l’archipel et tentant d’afficher une position d’apaisement, tout en soutenant la réforme constitutionnelle décriée sur l’élargissement du corps électoral des scrutins locaux.
« C’est un homme d’une grande écoute et nous pensons pouvoir avancer de manière positive avec une telle personnalité », a salué au nom de l’alliance indépendantiste calédonienne FLNKS Aloisio Sako, le président du Rassemblement démocratique océanien. Il a dit « attendre de (le) voir à l’oeuvre ».
« C’est une très bonne nouvelle », a abondé Philippe Dunoyer, pour le parti non indépendantiste Calédonie ensemble, rappelant que le nouveau ministre est « un homme pondéré, de discussion et de consensus ».
Sonia Backès, présidente de la province Sud et cheffe de file des Loyalistes, a, elle, fait part de sa « satisfaction d’avoir un ministre qui connaît parfaitement » la situation.
« Dans le contexte de grandes difficultés que nous vivons, cette nomination est une bonne nouvelle », a aussi salué Virginie Ruffenach, présidente du groupe Rassemblement-LR au Congrès de la Nouvelle-Calédonie (non indépendantiste).
– « Urgence » –
En Martinique, des figures du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéennes (RPPRAC), un collectif en pointe du mouvement contre la vie chère, se sont dits vigilants, après avoir appris le nom du nouveau ministre lors d’une action de blocage de supermarchés dans l’est de l’île.
« Il faut laisser sa chance au produit », a ironisé Gwladys Roger, trésorière du collectif, interrogée par l’AFP. « A la moindre erreur, il sera sanctionné parce que nous en avons marre des ministres (…) qui ne connaissent rien à nos réalités. » Elle a dit attendre « avec impatience » la venue de M. Buffet en Martinique: « Il y a urgence ».
Dans l’île voisine de Guadeloupe, le secrétaire national aux Outre-mer du Parti socialiste Olivier Nicolas estime pour sa part que cette nomination « n’offre qu’une seule satisfaction »: « la fin du rattachement de ce ministère au ministère de l’Intérieur qui, depuis le début du second quinquennat Macron en 2022, sonnait comme une relégation et une réduction des problématiques ultramarines aux questions d’ordre public ».
Le PS guadeloupéen, dans un communiqué, dit attendre « une implication très forte du Premier ministre dans les lourds dossiers ultramarins qui figurent parmi les urgences politiques de la période ».
Sénateur depuis 2004, François-Noël Buffet a pu, en tant que président de la commission des Lois, piloter nombre de dossiers clés, sur la sécurité et surtout l’immigration.
Il est notamment l’auteur d’un rapport respecté sur la simplification des procédures en matière migratoire, dans lequel l’alors ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait abondamment puisé pour son projet de loi immigration adopté dans la cohue fin 2023 et considérablement durci par la droite.
Cet avocat de profession et ancien maire d’Oullins, en banlieue lyonnaise, a aussi coordonné d’importantes missions de contrôle, sur les émeutes de juin 2023 comme sur les défaillances sécuritaires ayant entouré l’organisation de la finale de Ligue des champions au Stade de France fin mai 2022, un « fiasco inévitable » selon son rapport.
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