Le port d’Abidjan, porte d’entrée de l’Afrique de l’Ouest, résiste au coronavirus

Le sifflement du train, le ronronnement des camions-remorques et les bruits assourdissants des portiques de nouvelles générations sous une chaleur torride au terminal à conteneurs du port d’Abidjan, tranchent avec l’accalmie dans plusieurs secteurs d’activité de la Côte d’Ivoire, liée aux mesures prises pour lutter contre la pandémie du coronavirus qui a tué 24 personnes sur 1.971 cas, selon le dernier bilan national.

Le port d’Abidjan, un des principaux d’Afrique de l’ouest, est le poumon économique de la Côte d’Ivoire, assurant 90% de ses échanges extérieurs. C’est aussi la porte d’entrée pour l’approvisionnent des pays de la région dépourvus de façades maritimes, Mali, Niger et Burkina Faso.

Outre le terminal à conteneurs, il dispose de quais minéralier, fruitier, roulier et d’un port de pêche.

“L’activité ne s’est jamais arrêtée pour la bonne et simple raison que les bateaux continuaient à arriver tous les jours. Les trois premiers mois de 2020 n’ont quasiment pas été affectés par le Covid-19. A fin mars, Abidjan Terminal a traité 174.425 conteneurs, en hausse de 6% par rapport à l’année 2019 sur la même période”, explique Asta Rosa Cissé, directrice d’Abidjan-terminal exploité par le groupe français Bolloré.

Depuis, “il a fallu continuer à alimenter le marché ivoirien avec les produits de première nécessité, les produits pharmaceutiques et sanitaires” notamment, précise-t-elle.

“Notre rôle a été déterminant pour que la crise sanitaire ne se transforme pas en crise sociale et économique”, se félicite Mme Cissé dont la structure a également “travaillé nuit et jour pour approvisionner l’hinterland. “Le train marchandises ne s’est jamais arrêté”, souligne-t-elle.

Quelque 600.000 conteneurs sont traités par an à Abidjan-terminal qui connait depuis 2012 une croissance de 12% par an, dopée par les produits agricoles (cacao, banane, hévéa, coton, mangue, papaye, coprah, noix de cajoux), ainsi que les grands travaux d’infrastructure réalisés en Côte d’Ivoire.

– Pas de record en 2020 –

La première puissance économique d’Afrique de l’ouest francophone a connu depuis 2011 une croissance économique record de 8% par an en moyenne. Elle est le premier exportateur mondial de cacao et de noix de cajou.

Face à l’épidémie de coronavirus, le port a mis en place très vite un plan de continuité d’activité, avec des postes de lavages des mains disséminés sur tout le périmètre, la désinfection des portiques, des tracteurs et des camions, explique le directeur général du port Hien Sié.

Au terminal des conteneurs, les équipes ont opéré en rotation pour réduire le nombre de personnels, avec port du masque obligatoire et distanciation physique, précise Mme Cissé, de Bolloré.

Les mois d’avril et de mai pourraient toutefois annoncer les premiers effets du covid-19 sur les activités du terminal conteneurs avec une baisse anticipée de 15% des volumes par rapport à 2019. Cela principalement en raison d’une chute de 36,5% des exportations de noix de cajou, fortement impactée par la fermeture des frontières en pleine récolte, et les mesures de confinement chez les grands pays clients comme l’Inde.

Sur l’ensemble de l’année 2020, le trafic devrait baisser à cause de l’épidémie, après avoir dépassé les 25 millions de tonnes pour la première fois en 2019, estime le directeur du port Hien Sié. L’objectif d’une croissance jusqu’à 26 millions de tonnes en 2020 ne devrait donc pas être atteint.

ck/de/thm

BOLLORE

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