M. Mitsotakis va à Tripoli « pour normaliser et rétablir les relations » diplomatiques, a annoncé la porte-parole du gouvernement, Aristotelia Peloni à la presse.
La visite du Premier ministre grec coïncide avec celle du nouveau chef du gouvernement italien Mario Draghi. Ce déplacement sera le premier de leaders européens en Libye après la formation d’un nouveau gouvernement de transition appuyé par la communauté internationale.
Le Premier ministre grec sera accompagné de son ministre des Affaires étrangères Nikos Dendias et rencontrera le nouveau président du Conseil présidentiel libyen Mohamed el-Manfi, ainsi que le Premier ministre par intérim Abdelhamid Dbeibah, a précisé Mme Peloni.
La visite de M. Mitsotakis « signale la réouverture immédiate de l’ambassade grecque », a-t-elle ajouté.
La représentation diplomatique d’Athènes à Tripoli avait été fermée en juillet 2014, quand une frégate de la Marine grecque avait évacué près de 200 Grecs et d’autres étrangers, dans un pays alors en proie au chaos.
Cette visite intervient au moment où la Libye connaît une certaine embellie politique avec la désignation d’un gouvernement intérimaire qui a obtenu le 10 mars la confiance du Parlement, avec pour mission d’unifier les institutions du pays et d’organiser des élections nationales le 24 décembre.
La Libye tente de s’extraire d’une décennie de conflit, depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, un chaos marqué par l’existence ces dernières années de pouvoirs rivaux.
Preuve de l’embellie, la France a rouvert le 29 mars son ambassade dans la capitale libyenne qu’elle avait quitté depuis 2014 pour de raisons de sécurité, installant sa représentation diplomatique en Tunisie voisine.
Le chef de la diplomatie grecque s’était rendu à Tobrouk en juillet 2020 pour des pourparlers avec le président du parlement libyen Aguila Saleh.
Pendant la guerre civile libyenne, Athènes soutenait l’homme fort de l’Est libyen, le maréchal Khalifa Haftar, après la signature en 2019 d’un accord maritime qu’elle réprouve entre la Turquie et l’ex gouvernement d’union nationale (GNA) de Fatez al-Sarraj, rival du maréchal Haftar.
A l’époque, l’actuel président du Conseil présidentiel, Mohamed al-Manfi, était ambassadeur à Athènes et avait été expulsé car il n’avait pas révélé, comme le gouvernement grec l’exigeait, le contenu de cet accord controversé avec la Turquie.
Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis avait dénoncé cet accord en précisant qu’il « supprime de la carte certaines îles grecques ». Outre la Grèce, Chypre et l’Égypte avaient déploré sa signature.
La découverte de réserves de gaz et de pétrole en Méditerranée orientale a déclenché ces dernières années des tensions entre Nicosie et Athènes d’une part et Ankara d’autre part.
L’été dernier, l’envoi du navire turc de recherches sismiques Oruç Reis dans des zones disputées, notamment près de l’île grecque de Kastellorizo, avait créé une crise inédite entre la Grèce et la Turquie.