« Ce navire représente une nouvelle étape dans le cadre de la réduction de l’impact environnemental des paquebots. Ce navire est le navire le moins émissif en CO2 par tonneau de jauge de toute la flotte mondiale de paquebots, c’est un record du monde », a fait valoir Laurent Castaing, directeur général des Chantiers de l’Atlantique, durant la cérémonie de livraison.
Le géant des mers, commandé en juin 2018 par le croisiériste suisse MSC, mesure 333 mètres de long, 68 mètres de haut et peut accueillir 6.700 passagers.
« Au lieu que le navire et la propulsion soient alimentés par du fioul, on l’a remplacé par du gaz. Donc ça veut dire, en termes d’efficacité environnementale, d’office, à équivalence avec le fioul, c’est 25% de CO2 en moins », a détaillé Patrick Pourbaix, directeur général France chez MSC Croisières.
Le MSC World Europa utilise par ailleurs un prototype de pile à combustible, d’une capacité de 150 kilowatts, une première mondiale pour un navire fonctionnant au GNL selon MSC Croisières.
« On a sur ce bateau, une zone du navire qu’on appelle le Yacht Club. C’est une zone un peu particulière, c’est un peu un bateau dans le bateau, formule très agréable, qui peut accueillir 300 passagers. Eh bien, l’équivalent de ce que peut produire une pile à combustible, c’est ce dont à besoin le Yacht Club entièrement », a expliqué Patrick Pourbaix.
– Pas encore de navire « zéro émission » –
« Le gaz naturel liquéfié, il permet de réduire presque en totalité les émissions d’oxyde de soufre », a reconnu Fanny Pointet, responsable du transport maritime en France pour l’ONG Transport et Environnement jointe par l’AFP.
Mais « la promotion du gaz dans le transport maritime, ce n’est pas une bonne idée, parce que sur le plan climatique, c’est mauvais, sur le plan de la sécurité énergétique, c’est mauvais », a-t-elle nuancé, insistant sur le fait que « l’Europe essaye de s’émanciper de sa dépendance vis-à-vis de la Russie pour le gaz ».
« Si on a choisi l’option du gaz naturel (…) c’est parce qu’aujourd’hui, c’est le combustible qui est le plus accessible. On pourrait accélérer peut-être la transition vers l’hydrogène. Le problème, c’est qu’on ne trouve pas assez d’hydrogène aujourd’hui sur Terre pour alimenter nos navires », a souligné de son côté Patrick Pourbaix.
« Aujourd’hui, notre carnet de commandes ne comprend que des navires qui pourront utiliser, soit du GNL, soit du méthanol. Aujourd’hui, la version qu’on peut qualifier de +verte+, c’est-à-dire non émissive, de ces carburants, n’existe pas encore. Mais dès qu’on aura ces carburants sous forme zéro émission, on pourra les utiliser et on pourra avoir des navires zéro émission », a assuré Laurent Castaing.
La livraison du MSC World Europa a consisté en une bénédiction selon la tradition catholique et une bouteille a été brisée sur la coque du luxueux navire, qui quittera mercredi matin Saint-Nazaire en direction du Qatar, où il sera inauguré le 13 novembre.
Les organisateurs de la Coupe du monde de football « envisageaient de construire des hôtels, mais de toute évidence, ce n’est que pour une saison, donc ils ont cherché des navires de croisière pour se substituer aux hôtels, parce que nous pouvons proposer de nombreuses chambres, et c’est ainsi que la conversation a débuté », a rapporté à l’AFP le président exécutif de MSC Croisières, Pierfrancesco Vago.
« Nous avons affrété deux navires au Qatar et à la Fifa », a précisé M. Pourbaix. « Les deux premières semaines, pour les qualifications, les bateaux sont complets, à tel point même qu’on a mis en place un troisième bateau, plus petit, qui va venir compléter l’offre. »