Les opérations de recherche, filmées par la société de production britannique October Films, ont cependant suscité l’inquiétude de l’Unesco, qui redoute que la rigueur scientifique requise pour fouiller un site aussi précieux ne soit sacrifiée à l’intérêt commercial des promoteurs du projet.
C’est Barry Clifford lui-même qui a remonté du fond de la mer une barre d’argent d’environ 50 kilos. Il l’a remise au président malgache Hery Rajaonarimampianina, venu assister à l’événement avec des membres de son gouvernement et les ambassadeurs des États-Unis et de Grande-Bretagne.
« Pour moi, c’est la preuve irréfutable qu’on a bien affaire au trésor de l’Adventure Galley du capitaine William Kidd », a indiqué l’archéologue indépendant John de Bry venu assister l’équipe d’explorateurs.
« Nous avons découvert treize navires dans la Baie des pirates (de l’île Sainte-Marie) et nous avons travaillé sur deux d’entre eux durant dix semaines, le Fire Dragon et le navire de Capitaine Kidd, l’Adventure Galley », a précisé Barry Clifford.
William Kidd, dit Capitaine Kidd, est né à Greenock, en Écosse, le 22 janvier 1645, et est mort pendu à Londres le 23 mai 1701. On le retrouve dans la littérature d’Edgar Poe et dans la culture populaire américaine, ainsi que dans des bandes dessinées ou un jeu vidéo.
Les chasseurs de trésors du monde entier sont à la recherche du butin de Kidd depuis de nombreuses années.
Supposé être chasseur de pirates, Kidd a été accusé de pratiquer lui-même la piraterie et a été exécuté par pendaison pour meurtre.
Contactée par l’AFP, une experte de l’archéologie sous-marine à l’Unesco a exprimé son inquiétude sur les opérations menées au large de Madagascar: « Au fond, c’est une équipe de cinéma qui intervient directement sur un site archéologique. Ce ne devrait pas être autorisé », a déclaré Ulrike Guérin depuis Paris, siège de l’organisation des Nations unies pour la Science et la culture.
L’Unesco, précise-t-elle, ne dit pas que les choses ont été mal faites, mais va envoyer une équipe sur place –à la demande des autorités malgaches– pour vérifier la qualité des fouilles.
« Nous avons des doutes sur le contrôle scientifique de l’intervention, c’est pourquoi nous allons envoyer une équipe de conseillers pour inspecter le site. (…) Il ne sert à rien de découvrir le trésor, si c’est pour détruire tout le site archéologique autour. On ne peut pas détruire tout un patrimoine juste pour récupérer l’argent », dit cette experte.