Dans une déclaration commune, Washington, Londres et huit de leurs alliés parmi lesquels l’Australie, le Canada et Bahreïn ont souligné que l’opération, menée dans un contexte de forte tension régionale, visait à la « désescalade » et à « restaurer la stabilité en mer Rouge ».
Les frappes ont visé des sites militaires dans la capitale Sanaa, et les gouvernorats de Hodeidah, Taïz, Hajjah et Saada, a indiqué le porte-parole militaire des Houthis, un groupe membre de « l’axe de la résistance », regroupement de mouvements hostiles à Israël établi par l’Iran qui comprend également le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais.
Cinq personnes ont été tuées et six blessées parmi les rebelles, a-t-il ajouté, dénombrant « 73 raids » de « l’ennemi américano-britannique ».
L’opération a été menée « avec succès » en réponse « directe aux attaques sans précédent des Houthis de navires internationaux en mer Rouge », a affirmé le président américain, Joe Biden, évoquant une action « défensive » pour protéger notamment le commerce international.
La Russie a condamné une opération menant à « l’escalade » et ayant des « objectifs destructeurs », un « nouvel exemple de la déformation par les Anglo-Saxons des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et d’un mépris total du droit international ».
La Chine s’est dite « préoccupée », exhortant « les parties concernées à (…) faire preuve de retenue afin d’éviter une expansion du conflit ».
Les Houthis portent « la responsabilité extrêmement lourde de l’escalade régionale », a estimé de son coté la France, exigeant la fin des attaques.
Peu après le début de la guerre le 7 octobre entre Israël et le Hamas, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien, les rebelles Houthis ont multiplié les attaques par missiles et drones en mer Rouge, poussant de nombreux armateurs à contourner la zone, au prix d’une hausse des coûts et des temps de transport entre l’Europe et l’Asie.
Les Etats-Unis avaient déjà déployé des navires de guerre et mis en place en décembre une coalition internationale pour protéger le trafic maritime dans cette zone par où transite 12% du commerce mondial.
– « Message clair » –
Mardi, 18 drones et trois missiles houthis avaient été abattus par trois destroyers américains, un navire britannique et des avions de combat déployés depuis le porte-avions américain Dwight D. Eisenhower.
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, en tournée cette semaine au Moyen-Orient avait lancé un avertissement aux Houthis, le Conseil de sécurité de l’ONU exigeant l’arrêt « immédiat » de leurs attaques.
Mais jeudi, les Houthis ont lancé un autre missile antinavire, provoquant vendredi la riposte de Washington et Londres. Le président américain a prévenu qu’il « n’hésiterait pas » à « ordonner d’autres mesures » si nécessaire.
« Ces frappes ciblées sont un message clair (indiquant) que les Etats-Unis et nos partenaires ne toléreront pas les attaques sur nos troupes (et) ne permettront pas à des acteurs hostiles de mettre en danger la liberté de navigation », a ajouté M. Biden.
Les Houthis, proches de l’Iran et qui contrôlent une grande partie du Yémen, ont mené depuis le 19 novembre 27 attaques de missiles et drones près du détroit stratégique de Bab el-Mandeb séparant la péninsule arabique de l’Afrique, selon l’armée américaine.
Ils disent cibler les navires commerciaux liés à Israël, en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, théâtre d’une guerre dévastatrice entre Israël et le Hamas qui gouverne ce territoire.
« Malgré les avertissements répétés de la communauté internationale, les Houthis ont continué de mener des attaques (…) Nous avons donc pris des mesures limitées, nécessaires et proportionnées en état de légitime défense », a déclaré de son côté le Premier ministre britannique Rishi Sunak.
Des avions de combat et missiles Tomahawk ont été utilisés pour l’opération anglo-américaine, ont indiqué plusieurs médias américains, Washington disant avoir bénéficié du soutien de l’Australie, du Canada, des Pays-Bas et de Bahreïn. Londres a dit avoir déployé quatre avions de combat Typhoon FGR4 pour frapper avec des bombes guidées au laser les sites de Bani et Abbs, d’où les Houthis « lancent » des drones.
– « Prix fort » –
« Notre pays fait face à une attaque massive par des navires américains et britanniques, des sous-marins et des avions », a réagi le vice-ministre des Affaires étrangères des Houthis, Hussein Al-Ezzi, cité par les médias du mouvement.
« Les Etats-Unis et le Royaume-Uni doivent se préparer à payer un prix fort et supporter les lourdes conséquences de cette agression », a-t-il menacé.
De son côté, l’Iran a condamné vendredi les frappes aériennes américaines et britanniques, y voyant une « action arbitraire » et une « violation flagrante de la souveraineté » du Yémen.
L’Arabie saoudite a dit suivre avec « beaucoup d’inquiétude » les développements au Yémen voisin, appelant « à la retenue et à éviter l’escalade ».
A Gaza, la guerre entre Israël et le Hamas, entrée vendredi dans son 98e jour, a été déclenchée par l’attaque inédite du Hamas sur le sol israélien, qui a fait environ 1.140 morts, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP à partir du bilan israélien.
En représailles, Israël a juré « d’anéantir » le mouvement islamiste qu’il classe comme terroriste, comme les Etats-Unis et l’Union européenne. Ses opérations ont fait au moins 23.469 morts, en majorité des femmes, adolescents et enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Dans la nuit, cette autorité du Hamas a fait état de « nombreux » morts dans des frappes israéliennes sur Gaza où l’ONU a déploré jeudi les entraves des autorités israéliennes à l’acheminement de l’aide humanitaire.
Depuis l’éclatement de ce conflit, des échanges de tirs quasi quotidiens opposent aussi à la frontière israélo-libanaise le mouvement islamiste libanais Hezbollah qui soutient le Hamas, et les forces israéliennes.