« C’est aux Libyens de décider ce qui est bon pour eux. La communauté internationale ne devrait que soutenir ces décisions », a-t-il déclaré au Journal du Dimanche.
Il épingle au passage l’émissaire de l’ONU en Libye, l’Allemand Martin Kobler, qui tente depuis un an d’asseoir l’autorité du gouvernement d’union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj à Tripoli.
« Les Libyens n’aiment pas Kobler. Ils l’appellent le diable », affirme le maréchal Haftar. « La communauté internationale ne comprend pas la réalité de la situation. Elle dispose d’informations erronées et s’appuie dessus pour prendre des décisions inapplicables, mauvaises », ajoute-t-il.
Khalifa Haftar se dit prêt à rencontrer son rival, le Premier ministre Fayez al-Sarraj, seul reconnu par la communauté internationale, à « une condition, que sa tripotée de courtisans n’ait rien à dire ».
« Ceux qui soutiennent le gouvernement d’union nationale sont très peu nombreux et ne sont intéressés que par l’argent », a-t-il lancé.
Le chef du GNA a fait état fin janvier d’une prochaine rencontre au Caire avec Khalifa Haftar, qui est soutenu par l’Egypte.
Le maréchal, qui s’est rapproché de la Russie – il a effectué une visite très remarquée en janvier sur le porte-avions russe Amiral Kouznetsov – se dit prêt à s’allier aussi avec la nouvelle administration américaine dans la lutte contre le jihadisme.
« Si la Russie et les États-Unis se rapprochent dans le but d’éradiquer le terrorisme, cela peut nous aider. Nous allons serrer la main aux deux. Nous nous allierons à eux », a-t-il assuré, en référence à Donald Trump.
Quant à la France, qui soutient M. Sarraj mais a déployé une poignée de militaires aux côtés du maréchal Haftar dans l’est de la Libye et dont des avions de reconnaissance survolent régulièrement le pays, Khalifa Haftar lui demande surtout du renseignement.
« La France soutient politiquement des acteurs qui n’ont aucun pouvoir. Mais ça nous ira si nous recevons de l’aide en termes d’information et de renseignement », a-t-il souligné.
Autoproclamé chef de l’Armée nationale libyenne (ANL), cet ancien dignitaire du régime Kadhafi qui a aussi vécu aux Etats-Unis est accusé par ses rivaux, en particulier les puissantes milices de Misrata (ouest), de vouloir instaurer un régime militaire en Libye.
Il a déclaré la guerre aux groupes islamistes et radicaux qui sévissaient dans l’est libyen, en particulier à Benghazi, deuxième ville du pays à 1.000 km à l’est de Tripoli.
L’ANL a repris depuis une grande partie de Benghazi au terme de combats sanglants, mais ne parvient toujours pas à imposer son contrôle sur toute la ville, où des groupes jihadistes lui résistent toujours.