Les pêcheurs espagnols manifestent en mer contre le récif de Gibraltar

Sous un fort contrôle policier, 38 bateaux de pêcheurs espagnols ont mis le cap en début de matinée vers les 70 blocs en béton du récif qui, accusent-ils, les prive de l’un de leurs meilleurs viviers.

Sur fond de tensions diplomatiques, un porte-hélicoptères militaire britannique a fait escale dimanche dans un port du sud de l’Espagne avec l’accord des autorités du pays tandis qu’un autre navire de guerre britannique devait arriver à Gibraltar lundi dans le cadre d’exercices militaires prévus.

Agitant des drapeaux espagnols, portant pour certains des tee-shirts où l’on pouvait lire « Gibraltar espagnol », des passants ont encouragé les pêcheurs tandis qu’environ 500 manifestants brandissant des drapeaux britanniques et de Gibraltar s’étaient aussi rassemblés sur la rive de l’enclave.

Encadrée par une demi-douzaine de navires de la Garde civile espagnole, la flotte de pêcheurs s’est approchée des 14 navires de la police de Gibraltar et des autorités britanniques qui les ont empêchés de se concentrer aux abords immédiats du récif.

Après une heure passée en mer, marquée par un échange d’insultes mais sans incident notable, les pêcheurs espagnols sont rentrés au port.

« Nous voulons simplement envoyer un message à Gibraltar. Nous voulons juste pouvoir pêcher là où nous avons toujours pêché », expliquait Leoncio Fernandez, président de la Confrérie des pêcheurs de La Linea de la Concepcion.

Les pêcheurs de cette ville, à la frontière avec Gibraltar, et du port proche d’Algeciras se disent très affectés par le récif que les autorités de Gibraltar ont décidé de bâtir le 24 juillet.

Selon l’enclave britannique, qui n’a pas de flotte de pêche commerciale, le récif permettra aux bancs de poissons de se régénérer.

La police de Gibraltar a indiqué que la Garde civile espagnole avait travaillé dimanche « en coopération » avec ses agents « pour s’assurer que la manifestation ne serait émaillée d’aucun incident », selon un communiqué du gouvernement du territoire britannique.

Gibraltar réaffirmait dans le même communiqué que la zone où ont été coulés les blocs de béton « n’était (auparavant) fréquentée que par un bateau » espagnol et n’était pas reconnue comme étant « un terrain de pêche » par le gouvernement régional d’Andalousie.

Depuis la construction du récif, Gibraltar accuse Madrid d’avoir multiplié les contrôles en représailles, ce qui provoque régulièrement de longues files d’attente à la frontière.

Le gouvernement espagnol affirme que les contrôles sont obligatoires puisque Gibraltar, comme le Royaume-Uni, n’est pas membre de l’espace Schengen, et nécessaires pour lutter contre la contrebande, notamment de tabac.

Jugeant au contraire que ces contrôles sont « politiquement motivés », le Premier ministre britannique David Cameron a demandé vendredi à la Commission européenne qu’elle envoie « d’urgence » une équipe d’observateurs à la frontière.

Avec l’accord du gouvernement espagnol, le porte-hélicoptères HMS Illustrious s’est arrêté dimanche pour une escale technique de plusieurs heures dans la base militaire de Rota, dans le sud de l’Espagne. Il devait repartir pour conduire des exercices militaires prévus de longue date dans la Méditerranée.

Lundi, un navire de guerre britannique, la frégate HMS Westminster, accompagné de deux bateaux, doit faire escale à Gibraltar pour participer ensuite à ces manoeuvres.

Cédé en 1713 à la Grande-Bretagne, Gibraltar, un territoire de sept kilomètres carrés peuplé de 30.000 habitants situé dans le sud de la péninsule ibérique, est au centre de tensions récurrentes entre Londres et Madrid, qui en revendique la souveraineté.

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