Les ministres des Affaires étrangères de l’UE devraient donner lundi prochain, lors d’une réunion mensuelle à Luxembourg, leur accord à l’élargissement du mandat de cette mission, mise sur pied il y a un an à la suite du naufrage tragique de 850 migrants au large de la Libye en avril 2015.
L’opération a reçu le feu vert de l’ONU mardi soir pour aller au-delà de sa mission initiale –la lutte contre les passeurs envoyant des milliers de migrants vers les côtes italiennes sur des embarcations de fortune– afin de faire appliquer la résolution interdisant depuis 2011 les livraisons d’armes en Libye.
Par ailleurs, les chefs de la diplomatie devraient confier lundi à Sophia une tâche nouvelle: la formation des garde-côtes libyens, comme le souhaite le nouveau gouvernement d’unité qui tente d’asseoir son autorité sur le pays.
Mais pour effectuer ces tâches, le commandant de la mission Sophia, Enrico Credendino, estime avoir besoin de deux navires de guerre supplémentaires, dont un dédié à la formation, mais aussi d’hélicoptères et avions de surveillance et de trois équipes de marins spécialisés dans l’abordage en haute mer de cargos soupçonnés de livrer des armes aux factions libyennes, a précisé un diplomate à l’AFP.
Actuellement, l’opération tourne avec cinq navires, trois hélicoptères et quatre avions. Elle effectue surtout des sauvetages en mer d’embarcations en perdition, même si quelque 70 passeurs ont été arrêtés jusqu’à présent.
« Nous sommes prêts à fournir un navire à l’opération » une fois que son mandat aura été élargi, a expliqué mercredi le ministre britannique de la Défense Michael Fallon en marge d’une réunion de l’Otan à Bruxelles.
Grâce à la résolution votée mardi soir par le Conseil de sécurité des Nations unies, « nous pouvons désormais arrêter tout navire en haute mer si nous soupçonnons des armes à bord (…). Nous pouvons les inspecter, saisir et détruire ces armes et nous pouvons détourner des navires (suspects) vers un port », a-t-il souligné.
Après la chute du régime de Mouammar Kadhafi, et en raison du chaos qui a suivi, l’ONU a imposé en 2011 un embargo sur les armes mais ses experts ont signalé depuis de nombreuses livraisons d’armes à des factions libyennes, venant du Soudan, d’Egypte, de Turquie ou des Emirats arabes unis.
Certaines de ces livraisons sont destinées à l’Etat islamique (EI), implanté à Syrte, ville du centre-nord de la Libye dont les forces pro-gouvernementales tentent depuis un mois de déloger le groupe jihadiste.
« Nous pouvons désormais empêcher que des armes soient livrées à Daech (acronyme arabe de l’EI, ndlr), c’est un grand pas en avant (…) pour l’empêcher de croître sur les côtes libyennes », a souligné M. Fallon.