L’inventeur danois Peter Madsen va être jugé pour le meurtre de la journaliste suédoise Kim Wall

Kim Wall, journaliste indépendante de 30 ans qui avait exercé sur tous les continents et collaboré avec The Guardian et le New York Times, avait embarqué le soir du 10 août près de Copenhague à bord du Nautilus avec Peter Madsen, le concepteur et propriétaire du submersible.

Elle souhaitait faire le portrait de cet ingénieur autodidacte obsédé par la conquête des mers et de l’espace, dont l’enquête a aussi révélé la part d’ombre: son inclination pour les vidéos mettant en scène des décapitations de femmes, et ses accès de violence.

L’accusation soutient que M. Madsen a tué Kim Wall afin de satisfaire un fantasme sexuel, ce qu’il nie farouchement.

M. Madsen, 47 ans, a été secouru le 11 août dans la matinée, avant le naufrage de son bâtiment, qu’il admettra plus tard avoir sabordé. Affirmant avoir débarqué la jeune femme la veille au soir, il a rapidement été soupçonné par les enquêteurs, arrêté et écroué.

Au terme d’intenses recherches des semaines durant dans la baie de Køge séparant le Danemark et la Suède, les plongeurs ont retrouvé le tronc décapité et amputé de Kim Wall, sa tête et ses jambes, et enfin ses bras, la plupart lestés au moyen de pièces métalliques.

Le Danois, qui n’a cessé de changer de version au cours de ses auditions, a depuis avoué avoir démembré et jeté son corps à la mer, mais dément toujours l’avoir tuée intentionnellement.

Il affirme qu’elle est décédée à la suite d’un accident mais dans des circonstances dont la nature a varié au fil des interrogatoires.

L’avocate de M. Madsen n’a pas répondu mardi aux sollicitations de l’AFP.

Il sera jugé à partir du 8 mars pour meurtre, atteinte à l’intégrité d’un cadavre et agression sexuelle, a annoncé dans un communiqué le parquet danois qui entend requérir la réclusion criminelle à perpétuité.

Si l’autopsie n’a pas permis de déterminer les causes de la mort de Kim Wall, « l’homicide a pu être réalisé par égorgement ou strangulation », affirme le parquet, qui plaidera la préméditation.

– ‘Une rare violence’ –

L’ordonnance de mise en accusation de Peter Madsen doit être publiée à la fin du mois. Le procureur Jakob Buch-Jepsen a demandé aux médias de faire preuve de discernement dans la publication des éléments d’enquête les plus sensibles dans « cette affaire hors du commun et d’une rare violence, aux conséquences tragiques pour Kim Wall et ses proches ».

Il est notamment apparu que Peter Madsen, par jeu sexuel ou pour masquer des agressions, avait mutilé les organes génitaux de la victime.

La personnalité de l’accusé sera au coeur des débats judiciaires.

Peter Madsen, qui peu avant la tragédie avait dû renoncer à propulser une fusée dans l’espace, faute semble-t-il de moyens financiers, a consacré le plus clair de son temps à fabriquer des engins dont la vocation est de se dérober à la surface de la Terre.

« Ma passion est de trouver des moyens de voyager vers les mondes au-delà du connu », écrivait ainsi l’inventeur autodidacte sur le site de son association spatiale, RML Space Lab.

Comme le code pénal le permet au Danemark, le parquet peut aussi requérir une mesure de rétention de sûreté alternative à la prison à vie et qui permet de maintenir un condamné entre quatre murs tant qu’il est jugé dangereux.

Au Danemark, les condamnés à la réclusion à perpétuité peuvent demander une libération conditionnelle au bout de 12 années et sont en moyenne élargis après 16 ou 17 ans d’incarcération.

Le verdict est attendu le 25 avril.

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