Malgré les contentieux, Washington et Pékin veulent éviter toute « confrontation »

Des centaines de délégués des deux gouvernements sont réunis à Washington pour la 7e édition de leur « dialogue stratégique et économique » annuel présidé par le vice-président Joe Biden, le secrétaire d’Etat John Kerry, le secrétaire au Trésor Jacob Lew, le vice Premier ministre chinois Wang Yang et le conseiller d’Etat Yang Jiechi qui pilote la politique étrangère de Pékin.

Ce rendez-vous institutionnel, que Pékin et Washington organisent chaque année alternativement, permet de mettre sur la table, en public ou à huis clos, autant les dossiers épineux que les coopérations entre les deux premières économies de la planète.

Les deux géants parlent donc depuis lundi de sujets qui fâchent: conflits de souveraineté en mer de Chine, piratage informatique, droits de l’homme et niveau du yuan. Mais ils dialoguent aussi sur leurs points d’accord: changement climatique, nucléaire iranien et nord-coréen, Afghanistan, guerres au Moyen-Orient ou lutte contre les pandémies.

D’entrée, le vice Premier ministre Wang s’est montré conciliant en exhortant les Etats-Unis et la Chine à « ne pas suivre les anciennes voies de la confrontation ».

Le « dialogue est toujours préférable à la confrontation », a lancé le dirigeant chinois dans un discours très solennel, traduit en anglais, au département d’Etat. Il s’est dit « convaincu » que les deux pays souvent présentés comme des adversaires étaient « sur la bonne voie » de la coopération.

Toutefois, a reconnu M. Wang, sur « certaines questions », Pékin et Washington n’ont pas trouvé de « consensus ».

A cette fin, le vice-président américain, qui a cherché lui aussi à éviter toute forme d’acrimonie dans son discours, a exhorté ses hôtes à poursuivre un dialogue « sincère et direct ».

Certes, Washington et Pékin sont de « grands concurrents », aux « différends importants », mais c’est « la nature des relations internationales », a argumenté M. Biden.

– Multiples frictions –

Reste que les points de friction sont légion.

Concernant la mer de Chine méridionale, région stratégique et potentiellement riche en hydrocarbures, le vice-président a prévenu que les routes maritimes devaient rester « ouvertes et protégées » pour faciliter le commerce mondial.

La Chine s’accroche en matière de souveraineté territoriale maritime avec des pays d’Asie du Sud-Est, soutenus par les Etats-Unis.

« Les pays qui laissent tomber la diplomatie et usent de la contrainte et de l’intimidation pour régler les différends, ou qui ferment les yeux devant l’agression d’autres (pays) ne font que générer de l’instabilité », a mis en garde M. Biden.

Interrogé sur un risque de conflit armé, le secrétaire d’Etat adjoint pour l’Asie, Daniel Russel, avait réaffirmé la semaine dernière « la détermination inébranlable des Etats-Unis à éviter toute confrontation militaire, y compris avec la Chine ».

Le piratage informatique figure aussi en bonne place au menu des tensions.

Pour la récente cyber-attaque contre les données de millions de fonctionnaires américains, des pirates chinois ont été montrés du doigt. En mai 2014, cinq militaires chinois avaient été inculpés aux Etats-Unis pour « piratage informatique » et « espionnage économique », provoquant la suspension d’un groupe de travail sino-américain sur le sujet.

Même si Washington s’est bien gardé d’accuser directement le régime de Pékin, M. Lew s’est dit « profondément préoccupé par le vol informatique, soutenu par un gouvernement, dans des secteurs de l’entreprise et du commerce ».

A ses yeux, « les Etats-Unis et la Chine ont un intérêt commun à faire en sorte qu’internet continue de tirer la croissance et la prospérité du monde ».

Le vice-président Biden a d’ailleurs pris soin de qualifier Pékin de « partenaire » sur de nombreux dossiers, notamment le climat.

Les deux premiers émetteurs de la planète ont en effet conclu en novembre un accord de réduction de leurs émissions, un an avant la conférence de Paris en décembre. Le secrétaire au Trésor, M. Lew, a mis en garde contre « le coût important » que représenterait un nouvel « retard » pour sceller un accord mondial à la fin de l’année.

John Kerry, de son côté, a rappelé que Washington et Pékin étaient aussi main dans la main avec les autres grandes puissances pour trouver dans quelques jours un règlement sur le nucléaire iranien.

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