Plusieurs dizaines de manifestants, certains déguisés en méduses, ont manifesté en musique devant l’entrée de l’OMI pour demander un « fret propre maintenant », alors que s’ouvrent cette semaine des discussions entre pays.
Ils devraient s’accorder sur de nouvelles réglementations afin de faire baisser les émissions polluantes du secteur, et sur l’éventuelle adoption d’une taxe carbone.
La très grande majorité des 100.000 navires de fret, qui transportent 90% des marchandises dans le monde, sont propulsés par du fioul lourd. Le secteur est responsable de près de 3% des émissions de CO2 mondiales, d’après l’Onu.
L’OMI, instance émanant de l’Onu, a donné en 2018 aux transporteurs l’objectif de réduire leurs émissions de CO2 de 50% en 2050 par rapport à 2008, ce qui est considéré comme largement insuffisant pour limiter le réchauffement climatique.
L’Union européenne doit proposer l’objectif de zéro émission nette en 2050 avec deux objectifs intermédiaires: réduction de 29% en 2030 et 83% en 2040.
Certains pays comme l’Argentine ou l’Arabie saoudite freinent toujours mais d’autres comme les Émirats arabes unis se sont ralliés à l’idée de neutralité carbone en 2050.
Des pays comme les États-Unis, le Canada, les îles Marshall ou Salomon, veulent aller plus loin: -96% d’ici 2040. Les ONG écologistes, y compris les manifestants de lundi, de leur côté demandent -50% d’ici 2030 et la neutralité carbone d’ici 2040.
Alors que la marine marchande, qui n’était pas concernée par l’accord de Paris, est fustigée par les ONG pour son retard, ces dernières se montrent inquiètes à l’ouverture lundi des négociations à la Commission de protection de l’environnement marin (MEPC) de l’OMI.
Au lieu de baisser, « les émissions polluantes du secteur sont parties pour augmenter de manière exponentielle », s’alarme l’association Seas at Risk lundi dans un communiqué.
« Les navires marchands continuent à infliger des dégâts sérieux à notre planète, en polluant toujours plus l’air et les océans, sans compter les marées noires pétrolières ou chimiques, la pollution plastique, les collisions mortelles pour la faune marine », etc, dénonce John Maggs, directeur des politiques sur le fret chez Seas At Risk.
Les pays vulnérables au changement climatique et à la montée des eaux, comme les îles-États du Pacifique, veulent des avancées rapides.
« Les négociations à l’OMI sont déterminantes pour l’existence des Iles Etats » du Pacifique, a ainsi souligné auprès de l’AFP l’ambassadeur à l’OMI des îles Marshall, Albon Ishoda, dans une déclaration par email.
Il dit pourtant craindre que certains « Etats tentent de retarder les ambitions et l’entrée en vigueur de mesures », particulièrement chez les grands pays exportateurs – menés par la Chine.
Dans le secteur, tous les transporteurs ne sont pas sur la même longueur d’onde sur la question. Le géant danois Maersk appelle pour sa part à « édicter d’urgence un cadre de réglementation mondial ».
Le groupe est en faveur d’une taxe carbone sur le secteur et s’est fixé un objectif de neutralité carbone dès 2040. Le français CGA-CGM n’a pas répondu dans l’immédiat à une demande de commentaires de l’AFP.