Un premier groupe de neuf prévenus, âgés de 15 à 22 ans, a comparu mardi devant le tribunal de Tétouan (nord), a indiqué à l’AFP Me Jabir Baba.
Un deuxième groupe de 10 personnes, âgées de 14 à 23 ans, doit comparaître mercredi, selon lui.
Tous sont poursuivis pour « outrage au drapeau national », « manifestation non autorisée » et « destruction de biens publics et privés », selon la même source.
Ces supporters de football avaient été arrêtés le 1er octobre pour avoir brandi des drapeaux espagnols et crié des slogans comme « Viva España » lors d’un match de leur équipe en championnat national.
Ils avaient aussi manifesté sur le chemin du stade, en appelant à « venger Hayat » -l’étudiante de 22 ans tuée le 25 septembre- provoquant quelques dégradations mineures.
La mort de cette jeune femme issue d’un milieu très modeste avait suscité la colère dans le pays.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes avaient partagé des portraits de la « martyre Hayat », dont le « seul tort était de vouloir quitter la misère pour aider sa famille ».
Les autorités marocaines ont justifié les tirs en évoquant des « manoeuvres hostiles » de l’embarcation rapide qui transportait des migrants « dissimulés sous une bâche ».
La pierre tombale d’Hayat sur laquelle figurait le terme « martyre » a été changée pour une nouvelle pierre sans cette mention, selon les médias locaux. »On ne sait pas qui l’a changé », a indiqué Me Jabir Baba.
Cette semaine, quatre supporters du Hassania d’Agadir ont eux aussi comparu en justice pour « outrage au drapeau national » pour avoir brandi le drapeau espagnol lors d’un match à Agadir début octobre, a indiqué à l’AFP Houcine Oulhousse, de la section régionale de l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH).
L’outrage au drapeau national est passible de 6 mois à 3 ans de prison pouvant être portés à 5 ans si le délit est commis « lors d’un rassemblement », selon l’article 267-1 du code pénal.
Ces dernières semaines, des dizaines de vidéos montrant des jeunes Marocains en route vers l’Espagne à bord de bateaux pneumatiques sont devenues virales sur les réseaux sociaux, dans un pays marqué par de grandes inégalités sociales, sur fond de chômage élevé chez les jeunes.
Depuis le début de l’année, l’Espagne est devenue la première porte d’entrée vers l’Europe, avec près de 43.000 arrivées par voie maritime et terrestre, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).