Dans le même temps, plus de 150 migrants étaient bloqués, certains depuis plus de 10 jours, sur le navire espagnol Open Arms au large de l’île italienne de Lampedusa.
Le canot bleu en caoutchouc a été repéré dans la journée à environ 40 milles nautiques des côtes libyennes, grâce à la veille permanente mise en place sur le pont supérieur du navire affrété par SOS Méditerranée et Médecins sans frontières (MSF).
A bord se trouvaient 105 hommes et adolescents, en majorité des Soudanais comme lors des deux précédentes opérations de secours, parmi lesquels 29 mineurs dont deux enfants d’environ 5 et 12 ans.
L’opération de lundi a été plus compliquée que les précédentes : quand les zodiacs des marins-sauveteurs sont arrivés à sa hauteur, le canot avait commencé à se dégonfler et plus d’une demi-douzaine de personnes sont tombées à l’eau, mais tous sont sains et saufs.
L’Ocean Viking est équipé pour accueillir entre 200 et 250 personnes dans de bonnes conditions dans des conteneurs aménagés sur le pont, mais il a encore la capacité de recueillir de nouveaux migrants si la situation l’impose, affirment les deux ONG.
Le grand bateau rouge restait donc au large de la Libye, d’autant qu’un autre canot, parti en même temps que celui secouru lundi, avait été signalé.
Les conditions météorologiques sont actuellement favorables aux départs et il est possible que la grande fête musulmane de l’Aïd al-Adha influence la vigilance des garde-côtes libyens.
Les autorités maltaises, contactées par l’Ocean Viking avant le sauvetage de lundi, ont refusé d’accueillir les migrants présents à bord, estimant qu’elles n’étaient tenues de le faire que dans le cas d’opérations conduites dans sa zone de secours.
Tous les migrants de l’Ocean Viking, qui bat pavillon norvégien, ont été secourus dans la vaste zone dépendant de la Libye, mais selon le coordinateur des opérations à bord, Nicholas Romaniuk, les tentatives pour contacter les garde-côtes libyens sont restées vaines depuis cinq jours.
A Rome, le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, a répété « l’interdiction absolue pour ces deux navires étrangers de pénétrer dans les eaux italiennes. Ouvrez les ports de France, d’Espagne ou de Norvège ».
Il est arrivé par le passé que Tripoli propose un port de débarquement libyen, ce à quoi les ONG se refusent en raison des abus et violences que les migrants risquent d’y retrouver.
Une partie des migrants de l’Open Arms ont été secourus dans la zone de Malte, et la marine maltaise a proposé de les conduire à La Valette, mais l’ONG a refusé, expliquant redouter des actes désespérés de la part de ceux obligés de rester à bord au moment du transfert.
Le fondateur de l’ONG espagnole, Oscar Camps, a cependant dénoncé le refus de Malte comme de l’Italie de laisser l’Open Arms s’abriter près de ses côtes, alors que « des creux de 2,2 m sont prévus pour mercredi après-midi ».