Mer de Chine méridionale: Washington assure ne pas soutenir l’Asean contre Pékin

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a participé ce week-end à une réunion de l’Association des Nations de l’Asie du sud-est (Asean) à Naypyidaw, en Birmanie, élargie à une quinzaine de partenaires du bloc régional, dont les Etats-Unis, la Chine, le Japon et l’Union européenne.

Alors que l’administration Obama a fait de l’Asie orientale le « pivot » de sa diplomatie, les débats à Naypyidaw ont été monopolisés par les tensions en mer de Chine méridionale, où des territoires maritimes sont disputés par Pékin et par des pays de l’Asean.

Dans un communiqué publié dimanche, les dix Etats du bloc régional ont fait part de leur « grave inquiétude » à propos de cette crise et appelé à mettre un terme aux « actes de déstabilisation », visant ainsi la Chine. Ils ont aussi adhéré à l’appel de Washington à la « retenue » et au « gel » des diverses revendications territoriales.

« Nous avons réussi à (les) galvaniser et avons agi comme catalyseur » d’une position commune de l’Asean, s’est félicité un diplomate du département d’Etat.

Mais « nous n’avons pas de stratégie d’endiguement, nous ne voulons pas de confrontation avec la Chine », a assuré un autre responsable de l’administration américaine.

« Nous avons une série d’intérêts et de principes qui guident notre approche dans la région et qui divergent avec ceux de la Chine », a-t-il toutefois souligné.

« Je pense que nous allons voir quelques progrès sur la mer de Chine méridionale basés sur les conversations que nous avons eu ici », a de son côté estimé John Kerry dimanche lors d’une conférence de presse.

Il a également souligné l' »importance des négociations d’un code de conduite contraignant » pour gérer les disputes autour des eaux disputées, texte en discussion entre l’Asean et Pékin depuis plus de dix ans.

Si plusieurs pays de l’Asean insiste pour la conclusion rapide de ce code, la Chine préfère les négociations bilatérales, où, selon ses détracteurs, elle peut bénéficier à plein de tout son poids de géant asiatique.

Samedi, la Chine, rejetant toute accusation d’agression, a prévenu qu’elle réagirait avec « fermeté » en cas de violation de ses intérêts en mer de Chine méridionale. Son chef de la diplomatie Wang Yi a rencontré samedi John Kerry et l’a tancé devant la presse pour être arrivé en retard à leur rendez-vous.

Malgré la mise en garde de Pékin, le ministre indonésien des Affaires étrangères Marty Natalegawa a estimé que les discussions avec la Chine avaient été positives.

« Je quitte cette série de réunions de l’Asean avec une confiance renouvelée concernant la capacité de l’Asean à maintenir la paix et la sécurité dans la région », a-t-il déclaré.

Pékin revendique sa souveraineté sur la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, traversée par d’importantes routes maritimes et potentiellement riche en ressources gazières et halieutiques.

Elle y a des différends territoriaux avec Brunei, la Malaisie, les Philippines et le Vietnam, ainsi qu’avec Taïwan, qui n’est pas membre de l’Asean (Birmanie, Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande et Vietnam).

Les relations ont été particulièrement tendues ces derniers mois entre Pékin et Hanoï, après l’installation en mai d’une plateforme pétrolière chinoise près de l’archipel disputé des Paracels, qui a provoqué au Vietnam les émeutes antichinoises les plus violentes depuis des décennies. La plateforme a depuis été retirée.

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