Le 13 octobre, M. Abiy avait indiqué dans un discours télévisé que « l’existence de l’Ethiopie en tant que nation est liée à la mer Rouge », que son pays avait besoin d’un port et que la « paix » dans la région dépendait d’un « partage mutuel équilibré » entre l’Ethiopie, enclavée, et ses voisins.
Deuxième pays le plus peuplé d’Afrique avec environ 120 millions d’habitants, l’Ethiopie n’a pas d’accès direct à la mer Rouge, un des grands carrefours du commerce mondial, contrairement à ses voisins de l’Erythrée et de Djibouti.
Même s’il affirmait « ne pas vouloir interférer dans les affaires » d’autres pays et vouloir faire valoir « pacifiquement » sa demande d’un port sur la mer Rouge, le discours de M. Abiy a inquiété certains observateurs, notamment dans un contexte d’apparentes tensions avec l’Erythrée voisine.
« L’Ethiopie n’a jamais envahi aucun pays et ne le fera pas dans l’avenir », a assuré M. Abiy dans un discours prononcé jeudi dans le centre d’Addis Abeba, à l’occasion de la « Journée des Forces de Défense » célébrée chaque année.
« Notre récente demande d’un accès à la mer a suscité des craintes que l’Ethiopie mène une invasion. Je veux assurer que l’Ethiopie ne fera pas valoir ses intérêts par la guerre », a poursuivi le Premier ministre éthiopien.
Le rapprochement de Abiy Ahmed avec l’Erythrée lui a valu le prix Nobel de la paix en 2019, mais son aura a ensuite sérieusement pâli lorsqu’il a envoyé l’armée fédérale mater les autorités de la région septentrionale du Tigré entrées en rébellion. La guerre au Tigré, qui a duré de novembre 2020 à novembre 2022, a fait plusieurs centaines de milliers de morts.
L’Ethiopie moderne a brièvement possédé un accès à la mer Rouge lorsqu’elle a progressivement annexé l’Erythrée, ancienne colonie italienne, dans les années 1950.
Elle a perdu cet accès depuis un conflit entre les deux pays entre 1998 et 2000, quelques années après que l’Erythrée fut devenue indépendante en 1993 et l’Ethiopie dépend désormais pour ses exportations et importations du port de Djibouti.