Migrants: la chef de la diplomatie de l’UE appelle à coopérer pour « sauver des vies »

« Notre priorité est de sauver des vies et d’empêcher des pertes humaines supplémentaires en mer », a-t-elle plaidé. Elle présentait devant le Conseil de sécurité de l’ONU un plan de l’Union européenne pour faire face à une série de naufrages dramatiques qui ont fait 1.800 morts depuis le début de l’année.

Il s’agit notamment d’une « possible opération navale » contre les passeurs qui forcent des milliers de migrants à risquer leur vie en mer entre la Libye et l’Europe, et pour laquelle l’UE demande l’aval du Conseil.

Après des consultations à huis clos avec les 15 pays membres, Mme Mogherini s’est dite « confiante dans la possibilité d’obtenir une résolution (du Conseil) dans un délai raisonnable ».

Elle a affirmé aux journalistes qu’aucun des 15 pays « n’était opposé en principe à agir pour sauver des vies et démanteler les organisations criminelles ». Interrogé sur la réticence de la Russie à détruire les navires des passeurs, elle a répondu que « l’essentiel est de s’assurer que les navires ne pourront pas être réutilisés ».

Cette crise « n’est pas seulement une urgence humanitaire, mais aussi une crise sécuritaire, puisque les réseaux de trafiquants sont liés à des activités terroristes et les financent », a-t-elle expliqué au Conseil.

Elle a fait valoir que « l’Union européenne est finalement prête à prendre ses propres responsabilités: sauver des vies, accueillir des réfugiés, traiter les causes profondes et démanteler les organisations criminelles ».

Mais, a-t-elle martelé, « nous ne pouvons pas travailler seuls, il faut un partenariat si nous voulons mettre fin à ces tragédies ».

Face aux réticences, Mme Mogherini a cherché à rassurer. « Pas un seul réfugié ou migrant intercepté en mer ne sera renvoyé contre son gré », a-t-elle affirmé. L’Europe « respectera pleinement les lois humanitaires internationales (…) comme c’est déjà le cas ».

Elle a aussi assuré les Libyens que rien ne se ferait sans leur accord, leur offrant un « partenariat ». Elle a affirmé aux journalistes que « les réponses des différentes autorités libyennes avaient été constructives ».

La Libye, en plein chaos, est dirigée par deux gouvernements et deux parlements. Les diverses factions libyennes négocient depuis des mois sous l’égide de l’ONU la formation d’un gouvernement d’union nationale.

– Une première –

Selon des diplomates, la résolution en préparation autoriserait l’UE à « utiliser tous les moyens nécessaires pour se saisir, puis se débarrasser, des navires, y compris en les détruisant et en les rendant inutilisables ».

Les pays européens membres du Conseil espèrent mettre le texte sur la table dans les prochains jours mais la Russie et des pays africains restent réticents.

Les détails de l’opération européenne seront discutés le 18 mai par les ministres des Affaires étrangères et de la Défense de l’UE. Ceux-ci pourraient entériner le principe de cette mission mais, selon un diplomate, ils n’auront pas obtenu d’ici là un vote du Conseil car « il faut encore caresser les Russes dans le sens du poil ».

Les Européens espèrent intensifier leur traque et arraisonner des embarcations dès le mois de juin, selon une source diplomatique, mais sans aller dans l’immédiat jusqu’à des destructions de bateaux sur les côtes libyennes.

Une telle mission contre des trafiquants opérant depuis un pays en plein chaos, à laquelle participeraient des bâtiments de guerre de plusieurs pays européens, serait une première.

L’Otan, qui n’a pas été sollicitée mais verrait une partie des navires de ses membres occupés par cette tâche, « soutient pleinement » l’UE qui « veut donner une réponse plus globale à cette tragédie », a commenté lundi son secrétaire général, Jens Stoltenberg.

L’UE demande une résolution de l’ONU car cette opération militaire suppose d’entrer dans les eaux territoriales de la Libye et d’arraisonner des bateaux qui battent pavillon étranger.

En attendant ce feu vert, les Européens ont déjà convenu d’intensifier le partage du renseignement sur les réseaux de trafiquants, en complétant les écoutes et informations glanées en Méditerranée. Ils peuvent aussi s’attaquer aux embarcations n’affichant aucun pavillon.

Les présidents des parlements de l’Union pour la Méditerranée (UpM) ont eux appelé lundi leurs chefs d’Etat et l’UE à renforcer les « canaux humanitaires », plaidant pour une augmentation des « visas humanitaires » et une opération « renforcée » de sauvetage dans la Méditerranée.

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, doit par ailleurs présenter mercredi un plan d’action sur l’immigration qui fait fi de l’opposition de nombre de capitales et de certains commissaires.

L’ONU a annoncé lundi que son secrétaire général Ban Ki-moon se rendrait le 26 mai à Bruxelles pour s’adresser au Parlement européen. M. Ban a demandé à l’UE de ne pas privilégier l’option militaire mais d’offrir aux migrants des possibilités légales de s’installer en Europe.

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