Mobilisation européenne contre les passeurs de migrants et pour la sécurité de la Libye

Jean-Yves Le Drian (France), Ursula von der Leyen (Allemagne), Tomasz Siemoniak (Pologne) et Pedro Morenés (Espagne) ont aussi apporté leur soutien au groupe aéronautique européen Airbus dans l’attente des conclusions de l’enquête sur l’accident mortel de l’avion de transport militaire européen A400 M survenu samedi en Espagne.

Trois armées – allemande, britannique et turque – exploitant cet appareil flambant neuf ont suspendu provisoirement leurs vols. En France, « seuls les vols extrêmement prioritaires en opérations seront autorisés », a précisé M. Le Drian, en saluant « la très grande qualité » de l’appareil.

Les quatre ministres – leur collègue italienne Roberta Pinotti avait dû annuler son déplacement au dernier moment – étaient réunis à Lorient (Bretagne, ouest) – une des ultimes poches de résistance de la Wehrmacht – pour le 70e anniversaire de la libération de la ville, le 10 mai 1945, deux jours après la capitulation du Reich.

Après une série de naufrages dramatiques de migrants, ils se sont surtout penchés sur les propositions que le chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, doit présenter lundi au Conseil de sécurité des Nations unies en vue d’une action militaire contre les passeurs, au départ notamment de Libye.

« Il faut d’abord échanger le renseignement pour localiser les passeurs et leurs moyens de transport », a résumé M. Le Drian lors d’une conférence de presse commune.

« Après, il faut une action coercitive et elle ne peut avoir lieu que s’il y a un mandat de l’ONU qui est en cours de discussion », a-t-il ajouté.

Réunis dans l’urgence le 24 avril, les chefs d’Etat et de gouvernement européens ont décidé de demander l’aval de l’ONU pour mener des actions militaires contre les passeurs de clandestins en Libye.

L’UE, qui envisage d’intercepter et de détruire les bateaux utilisés par les passeurs pour tracter jusqu’en haute mer des embarcations chargées de migrants laissées ensuite à la dérive, se heurte au droit international, qui lui interdit de se rendre dans les eaux territoriales libyennes ou d’arrêter un navire battant pavillon, sans mandat international.

En attendant ce feu vert de l’ONU, qui risque de se heurter à des objections de la Russie, les Européens pourraient agir contre les navires qui ne battent aucun pavillon.

Dans tous les cas de figure, le partage de renseignement sera essentiel pour identifier les zones de départ du trafic, les bateaux à cibler et la situation sécuritaire en Libye.

– ‘Une horde de poules’ –

Une surveillance aérienne et par radar pourrait compléter les écoutes téléphoniques et les renseignements collectés par les navires qui croisent actuellement en Méditerranée, notamment au sein de la mission européenne Triton.

« Si (l’émissaire de l’ONU) Bernardino Leon aboutit à un accord en Libye et à la constitution d’un gouvernement d’union nationale, alors il y aura une phase de transition, il faudra sécuriser le gouvernement d’union nationale et nous réfléchissons (avec les responsables européens à Bruxelles) à la manière de le sécuriser », a également souligné M. Le Drian, sans plus de précisions.

La France, qui se plaint d’être souvent seule militairement face au terrorisme, notamment en Afrique, a aussi à coeur de faire avancer la défense européenne, l’un des enjeux du sommet européen de juin.

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a dressé jeudi un tableau peu flatteur de la politique européenne de défense, estimant qu’une « horde de poules » était plus combative que l’UE. Il a notamment regretté que les Européens agissent en ordre dispersé pour l’acquisition de matériels militaires.

Soixante-dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, « le combat c’est celui de l’Europe de la Défense », a insisté M. Le Drian.

« Nous avons discuté des possibilités d’intensifier l’efficacité des « battlegroups » (groupements tactiques) afin qu’on puisse les utiliser dans des missions européennes », a noté Mme von der Leyen.

L’objectif est de redresser les budgets de défense dans l’UE, de renforcer les capacités militaires européennes – notamment dans les drones – et de consolider la base industrielle européenne de défense.

La France et l’Allemagne vont ainsi réaliser conjointement un satellite militaire d’observation CSO. Avec l’Italie, elles devraient aussi lancer cette année les études pour un drone européen.

« Si vous ajoutez aux capacités matérielles les capacités humaines de l’Europe en matière de défense, vous avez devant vous la deuxième force militaire en puissance du monde. Il faut que l’effort soit fait pour qu’elle soit en mesure de se déployer comme il convient », a conclu Pedro Morenés.

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