Moins d’une semaine après son entrée en fonction, Mme McKenna a pris un arrêté ministériel permettant à la métropole québécoise de déverser ses égouts et ses toilettes dans le fleuve pendant d’importants travaux sur une conduite acheminant en temps normal ces eaux usées vers une station d’épuration.
« Je suis inquiète qu’il puisse y avoir un impact » sur la biodiversité du Saint-Laurent, a reconnu la ministre, en conférence téléphonique depuis Paris où elle participe à une réunion d’avant le sommet sur le climat COP21. « C’est pour cette raison que notre arrêté est assorti de conditions strictes, afin de surveiller et de minimiser les conséquences », a-t-elle ajouté.
Dès lors que ces critères seront respectés, l’opération pourra débuter et devra être conclue avant le 5 décembre.
La municipalité montréalaise a notamment l’obligation d’assurer « une surveillance visuelle » permanente des eaux usées rejetées et devra mettre en place « des barrages flottants ou d’autres mesures si des matières remontent à la surface », a indiqué le ministère.
Montréal doit en outre effectuer des relevés divers sur la qualité de l’eau et de la flore, autour des points de rejet, jusqu’en juin 2016, et transmettre ces données au ministère de l’Environnement.
Mme McKenna souhaite également que son administration mène « un examen exhaustif des événements menant à l’incident », afin notamment « qu’un tel rejet ne se produise pas à nouveau ».
Début octobre, le maire de la deuxième plus grande ville du Canada, Denis Coderre, avait autorisé cette opération, due à des travaux routiers majeurs prévus depuis plusieurs années.
M. Coderre avait expliqué qu’aucune autre solution viable n’existait. Mais le lendemain, il s’était vu imposer une pause par le gouvernement fédéral, le temps que des experts indépendants se penchent sur le dossier. Ces derniers ont rendu leurs conclusions vendredi.
« Si nous n’avions pas permis à cette opération d’aller de l’avant, le rapport des experts démontrait clairement que l’impact à long terme sur la faune et la flore aurait été bien pire et il aurait alors été difficile d’atténuer les conséquences » sur l’environnement, a noté Mme McKenna.
Prenant sa source dans les Grands Lacs, le Saint-Laurent se jette dans l’Atlantique nord, dans le golfe qui porte son nom, après avoir parcouru 1.100 km. On y recense 64 espèces d’animaux terrestres, 19 espèces marines, dont des dizaines de baleines et l’unique colonie de bélugas en-dehors de l’Arctique, 80 sortes de poissons et 399 types d’oiseaux différents.
Le Saint-Laurent fournit également 45% de l’eau potable consommée par les huit millions de Québécois.