Le dirigeant et un cadre de l’entreprise en charge du chantier, les Recycleurs bretons, ont écopé respectivement de deux ans et un an avec sursis. Deux techniciens d’une société sous-traitante ont été condamnés à six mois avec sursis.
Seul, l’un des prévenus, le directeur technique de l’entreprise, a été relaxé.
En tant que personne morale, les Recycleurs bretons devront verser 100.000 euros de dommages et intérêts aux parties civiles. Le président de l’entreprise est également condamné à 11.000 euros d’amende.
L’accident du travail s’était produit le 12 août 2016 sur le Captain Tsarev, un vraquier de 153 mètres en déconstruction après huit ans d’abandon dans le port de commerce de Brest.
A l’audience, le 30 novembre dernier, deux employés d’une entreprise de désamiantage avaient reconnu avoir tiré, sans pouvoir expliquer pourquoi, sur une manette qui pendait d’un boîtier rouge dans une coursive du navire.
« On pensait que rien ne marchait, le bateau était tellement pourri », avait justifié l’un d’eux à la barre.
Cette action avait déclenché le système anti-incendie du cargo, vidant en quelques minutes 32 bouteilles de CO³ sous pression dans la salle des machines. Ce déclenchement avait provoqué la mort par asphyxie de Jean-Bernard Cerutti, 60 ans, un ancien contre-amiral de la Marine devenu expert maritime indépendant.
L’enquête avait mis en évidence une succession de manquements graves lors du chantier et de sa préparation ayant conduit à cet accident.
La déconstruction avait été lancée dans une certaine précipitation en juin 2016, à quelques semaines des fêtes maritimes de Brest.
« Aucune obligation n’a été respectée. On a privilégié la rapidité au détriment de la sécurité », avait conclu la procureure Véronique Wester-Ouisse, soulignant « l’absence totale de remise en cause des prévenus qui n’ont eu de cesse de se défiler ».