Moscou rappelle Paris à l’ordre sur le Mistral

Interrogé par l’AFP sur l’affaire du Mistral, au cours d’une conférence de presse à Bâle, où a lieu une réunion internationale, M. Lavrov s’est départi du sang-froid habituel des diplomates, dans un dossier qui empoisonne depuis des mois les relations franco-russes.

« J’en ai marre de cette question », a-t-il lâché. « C’est un problème de réputation pour la France. Ils doivent remplir toutes leurs obligations selon le contrat », a-t-il ajouté avant de revenir aux sujets, en particulier l’Ukraine, qui ont occupé une réunion ministérielle de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), jeudi et vendredi.

Or c’est précisément la guerre en Ukraine qui, de l’avis de la France, empêche la livraison du premier des deux navires Mistral que Paris a vendus à la Russie, un contrat qui déplaît aux Américains, dans le climat actuel d’un retour à une Guerre froide.

Le président François Hollande a ainsi annoncé le 25 novembre le report « jusqu’à nouvel ordre » de la livraison du premier Mistral, considérant « que la situation actuelle dans l’est de l’Ukraine » ne permettait toujours pas cette livraison.

« Pour l’instant on ne livre pas », a encore déclaré vendredi le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avant d’ajouter : « On pourrait ne jamais livrer. Il faut que les Russes se rendent compte de cette situation ».

« Je n’ai rien à commenter de plus, les responsables russes savent très bien ce dont il s’agit », a-t-il précisé à l’AFP, après les déclarations de M. Lavrov

Les Occidentaux accusent la Russie d’aider les rebelles armés prorusses qui tiennent une partie de l’Est de l’Ukraine, et la soupçonnent même d’avoir engagé des éléments armés sur le terrain.

– Menaces et dédommagements –

Face au refus de M. Hollande d’honorer une vente conclue en juin 2011 par son prédécesseur Nicolas Sarkozy, Moscou a proféré des menaces d’amendes et de dédommagements, selon les termes négociés par les deux parties.

Premier d’une série de deux Mistral, le Vladivostok devait initialement être remis à Moscou mi-novembre, dans le cadre d’un contrat de 1,2 milliard d’euros entre la Russie et le constructeur naval français DCNS.

Les Mistral sont des navires polyvalents, pouvant transporter des troupes, des hélicoptères, des chars, et mettre à l’eau des chalands de débarquement, grâce à leur radier, une « porte » aménagée à la surface de l’eau.

Véritables « couteaux suisses » des marines de guerre modernes, ils sont utilisés pour des opérations de projection, pour accueillir un état-major embarqué ou un hôpital équivalent aux besoins d’une ville de 25.000 habitants.

– Pas de bonne solution –

Diplomates et experts admettent qu’avec le Mistral, il n’y a pas de bonne solution : soit la France livre le navire, et elle se met à dos ses alliés avec lesquels elle impose des sanctions à la Russie pour l’obliger à négocier dans la crise ukrainienne. Soit elle ne le livre pas, et sa crédibilité en matière de contrats internationaux en sera affectée alors qu’elle tente de vendre son avion de combat, le Rafale, à plusieurs pays.

M. Hollande a déclaré à plusieurs reprises que le cessez-le-feu devait être pleinement respecté en Ukraine avant la livraison du Mistral.

Mais les combats meurtriers se sont poursuivis dans l’est de l’Ukraine, en dépit de la signature d’un cessez-le-feu négocié par la Russie le 5 septembre.

Jeudi, Kiev et les rebelles prorusses ont annoncé un nouveau cessez-le-feu devant entrer en vigueur le 9 décembre, énième espoir de mettre un terme à un conflit qui a fait environ 4.300 morts depuis plus de sept mois.

A Bâle, M. Lavrov a précisé qu’il espérait que ce nouveau cessez-le-feu tiendrait.

« C’est une situation très difficile, mais j’espère que les différentes parties sont proches de conclure un accord final. Selon cet accord, les armements lourds doivent être retirés à 15 km d’une ligne de démarcation », a-t-il ajouté.

ms/sym/ide

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