L’ex-commandant est poursuivi pour homicides multiples par imprudence, abandon de navire et dommages occasionnés à l’environnement, après le naufrage du paquebot de croisière qui avait fait 32 morts en janvier 2012.
Le juge Pietro Molino a en même temps rejeté la demande des avocats de M. Schettino d’acquitter leur client du délit d’abandon du navire ainsi que la demande de nouvelles expertises.
La documentation fournie par le Parquet « fournit des indices de culpabilité plus que suffisants pour justifier le renvoi en justice de l’accusé », indique le juge dans sa décision.
« Nous avons le plus grand respect pour les décisions du juge qui a estimé que l’audience préliminaire n’était pas le lieu pour examiner toutes les questions que nous avons soulevées », a réagi Francesco Pepe, l’avocat de l’ex-commandant, cité par le journal Corriere della Sera.
« Je crois que l’issue de cette audience préliminaire confirme dans sa totalité notre thèse accusatoire. Je suis satisfait car cela confirme que le Parquet a bien travaillé et je ne crois pas que le procès fera ressortir d’autres éléments », s’est félicité de son côté Francesco Verusio, procureur du Parquet de Grosseto.
Francesco Schettino risque de se retrouver seul sur le banc des accusés, les cinq autres accusés ayant obtenu le feu vert du Parquet à une peine négociée avec le tribunal.
Ces cinq personnes dont les avocats avaient formalisé les requêtes il y a huit jours au cours d’une audience préliminaire sont le directeur de l’unité de crise du Concordia, Roberto Ferrarini, le timonier indonésien Jacob Rusli Bin et trois autres membres de l’équipage.
Quant à M. Schettino, il a affirmé que « la prison ne lui faisait pas peur ». « Je suis en règle avec ma conscience », a-t-il affirmé à des journalistes. « Je suis serein, j’irai au procès en sachant que je peux expliquer les faits avec calme », a-t-il ajouté.
Les avocats de M. Schettino avaient bien demandé eux aussi à bénéficier de cette procédure de « pattegiamento » (accord à l’amiable sur la sanction en échange d’une reconnaissance au moins partielle de culpabilité), mais le Parquet avait émis un avis défavorable. Le juge des audiences préliminaires a suivi cet avis et fixé la date du début du procès à juillet.
Le Costa Concordia (114.500 tonnes) avait heurté un écueil près de la côte et s’était échoué dans la nuit du 13 janvier 2012 sur des rochers à quelques dizaines de mètres de l’île toscane du Giglio avec à son bord 4.229 personnes, dont 3.200 touristes.
Trente-deux personnes ont trouvé la mort dans ce naufrage. Les corps de deux d’entre elles n’ont jamais été retrouvés.
Deux cent cinquante parties civiles ont été admises à ce procès, dont Costa Croisières, propriétaire du navire, l’Etat italien et la petite île du Giglio où s’est échoué le navire.
Des dizaines de rescapés ont en outre entamé des poursuites devant des tribunaux civils contre Costa.
La plupart de ceux qui n’ont pas été blessés ni n’ont perdu de proches ont accepté une indemnisation standard d’environ 11.000 euros proposée par Costa.
Quant à la compagnie, elle a été condamnée en avril à verser une amende d’un million d’euros au terme d’une procédure négociée au cours de laquelle elle a reconnu sa responsabilité administrative, ce qui lui permet d’échapper au procès au pénal.