Massif, tendu, Philippe Capdeville, 62 ans, engagé à la SNSM (Société nationale de sauvetage en mer) depuis 1986 et patron du canot de Ouistreham depuis 2008, a répondu pendant trois heures aux magistrats.
La nuit du naufrage, entre le 14 et le 15 janvier, M. Capdeville a expliqué avoir été alerté par le Cross (Centre régional opérationnel de secours et de sauvetage en mer). Il a précisé que le canot tous temps SNSM 091 a appareillé en quinze minutes.
Le sauveteur a reconnu ne pas avoir eu connaissance de l’état du Breiz, un navire vieux de 40 ans, « vétuste » et « en surcharge avant même de commencer la pêche », selon le directeur d’enquête.
Pourquoi ne pas avoir demandé aux pêcheurs de jeter à l’eau les caisses de coquilles sur le pont, ce qui aurait pu éviter la gîte et le naufrage, interroge le président. « Je vois mal un patron de pêche jeter sa pêche par-dessus bord », répond le patron du canot de sauvetage.
Ce sauveteur très expérimenté -900 missions- assure avoir réagi aux alertes lancées par l’équipage tracté, réduit la vitesse, changé de cap. Pourquoi à son avis, le bateau a coulé? « Il n’est pas normal qu’un bateau se couche aussi vite. Toutes les hypothèses sont possibles », a-t-il estimé. Son idée? « Une vague, on ne sait pas d’où ça vient », a-t-il dit.
« Je n’ai pas l’impression d’avoir été négligent », s’est-il défendu. « On ne peut pas me mettre tout sur le dos. On a affaire à des professionnels! », a-t-il répliqué, évoquant les trois jeunes marins qui ont perdu la vie dans le naufrage.
Le patron du Breiz et ses deux matelots avaient péri lors de l’opération.
Outre les poursuites pour « non-respect de la convention Colreg ou négligence du capitaine, chef de quart ou pilote ayant entraîné la mort », il lui est également reproché des « faux en écriture », qui concernent les horaires des opérations (arrivée sur zone, début du remorquage…) qu’il a portés sur le journal de bord, qui discordent avec ceux notés par l’enquêteur de la gendarmerie maritime.
Le patron du canot a estimé que ces accusations relevaient du vocabulaire utilisé. « Pourquoi mentir quand tout est vérifiable? », a-t-il rappelé.
Le procès est prévu jusqu’à vendredi.