M. Mirzoyev est poursuivi pour homicide involontaire et omission de porter secours. Il n’était pas jugé pour délit de fuite, car cette infraction n’existe pas dans le code pénal de Géorgie, pays qui l’a extradé.
Le procureur Eric Mathais a également requis à l’encontre du prévenu l’interdiction à vie d’exercer un commandement sur un navire de commerce.
Ces réquisitions reprennent la peine prononcée en 2013, lorsque le marin avait été condamné par défaut.
Le délibéré sera rendu le 18 mai.
Le procureur a stigmatisé le comportement du prévenu, affirmant sa certitude que, la nuit du drame, le second était bien à la passerelle. « Son attitude a été: +rien vu, rien entendu, rien compris+, alors que la victime, Bernard Jobard, a eu un comportement héroïque en sauvant son équipage », a fait valoir le magistrat.
A la fin des débats, le prévenu s’est adressé à Yvette Jobard, la veuve du patron du Sokalique, affirmant qu’il « était un marin, pas un voyou ». Pour Mme Jobard, « il n’y a pas de pardon, car ma famille a pris perpétuité ».
Me Ronan Appéré, l’avocat de Aziz Mirzoyev, a plaidé la relaxe, martelant qu' »il n’avait pas de pouvoir décisionnel, le pouvoir à bord appartient au commandant, pas au second. Si le bateau ne s’est pas arrêté, c’est sur ordre du commandant », a-t-il dit, ajoutant que ce dossier « doit être jugé sans la passion ».
Absent lors d’un premier procès, en janvier 2013, Aziz Mirzoyev avait fait opposition au jugement, conduisant à ce nouveau procès.
Lors de ce procès de 2013, le tribunal correctionnel de Brest avait aussi condamné le capitaine à quatre ans de prison. En raison de leur absence à l’audience, le capitaine et son second étaient visés par un mandat d’arrêt international. Interpellé en Géorgie le 19 juillet 2016, Aziz Mirzoyev avait été extradé et emprisonné à la maison d’arrêt de Brest.
Dans la nuit du 16 au 17 août 2007, le caseyeur breton et l’Ocean Jasper, navire battant pavillon des îles Kiribati, étaient entrés en collision au nord de l’île d’Ouessant (Finistère), dans les eaux internationales. Malgré un trou dans sa coque, que l’équipage s’était empressé de colmater, le cargo avait poursuivi sa route sans prévenir les secours.
Le patron du Sokalique avait péri noyé. Les six autres marins du navire de pêche avaient pu être secourus.