Après l’appel à la barre de chacun des 49 prévenus, poursuivis à des degrés divers dans cette vaste escroquerie en bande organisée, le tribunal a donné lecture de « courriers anonymes et bien renseignés » à l’origine de l’enquête en 2011.
« En apparence tout est conforme et beau », écrivait un corbeau non identifié, lu par le président David Hill. Il invitait les autorités à enquêter sur diverses turpitudes présumées de l’entreprise, liquidée en 2013.
L’accusateur décrivait « des milliers d’heures sup « payées au black », « des achats à moitié prix et payés en liquide », « des acheteurs viennent prendre leurs enveloppe chaque semaine », « un réétiquettage des produits pour leur donner un coup de fraîcheur », de l’argent « blanchi en Suisse et en Afrique ».
Bon nombre de ces allégations ont été corroborées par l’instruction: corruption, travail dissimulé, escroquerie, blanchiment, faux et usage de faux figurent parmi les nombreux chefs de poursuite.
Après une mise sur écoutes téléphoniques et une grande descente de la gendarmerie maritime en novembre 2012, les dirigeants des Mareyeurs du Sud-Est sont passés à table, reconnaissant lors d’auditions, des ventes sans facture ou sous-facturées pour générer du liquide, entre 500.000 et 800.000 euros par an.
« L’estimation selon les services fiscaux est bien supérieure », a précisé M. Hill. L’Etat devrait probablement se constituer partie civile.
Les deux générations qui dirigeaient les Mareyeurs du Sud-Est défileront à la barre, sauf son fondateur niçois Georges Leroy décédé en 2015 à 84 ans.
Durant l’instruction, il a reconnu être le concepteur de la fraude, qui continuait de lui rapporter jusqu’à 40.000 euros en liquide par an. Un million d’euros ont été retrouvés chez lui dans divers coffres ou cachettes.
Sa fille Murielle est poursuivie, de même que son petit-fils Pascal Blanc, son ancien pdg d’origine bretonne Jean-Marc Le Pape et le fils de ce dernier Steven. Tous sont soupçonnés de « s’en être mis plein les poches », selon le parquet.
« Apparemment c’était tellement ancré dans les habitudes qu’on a des cas de personnes persuadées d’être dans leur bon droit », remarquait avant l’audience le procureur Jean-Michel Prêtre.
Le jugement est attendu le 16 juin.