Nouvelle-Calédonie: une base pour retrouver les bagnards des siècles passés

Nouméa, 8 mai 2024 (AFP) – Une mémoire retrouvée: une base de données rassemblant près de 30.000 fiches individuelles de personnes passées par le bagne néo-calédonien a été dévoilée mercredi, à l’occasion des 160 ans de l’arrivée du premier convoi de déportés dans ce territoire ultramarin.

Orgon, nom donné à la plateforme regroupant les données de 29.745 forçats passés par l’archipel entre 1864 et 1924, est « l’aboutissement de 40 ans de recherche, de travaux et de collecte d’informations par des historiens locaux », a déclaré à l’AFP Yves Mermoud, le président de l’association Témoignage d’un passé (ATUP), à l’origine de cette initiative.

Fruit d’un « travail unique, qui n’a qu’un équivalent en Tasmanie » selon lui, la base a été présentée à l’occasion de la Journée du bagne, une initiative locale.

Orgon est le surnom utilisé par les bagnards pour désigner la Nouvelle-Calédonie. Il s’agit d’un village des Alpes-Maritimes où transitaient les condamnés avant de prendre la mer à Toulon.

Seulement consultable au musée du bagne, la base de données sera accessible au travers d’une application d’ici à quelques semaines.

Les fiches concernent l’intégralité des femmes et des hommes condamnés au bagne calédonien, ainsi que la quasi-totalité des surveillants militaires.

La base de données permet notamment d’accéder aux patronymes des déportés, leur date d’arrivée ou une photo du bateau les transportant.

Pour Yves Mermoud, cette base a un intérêt pédagogique pour « énormément de personnes qui ignorent qu’elles ont un lien plus ou moins direct avec le bagne ».

L’association mémorielle veut aussi avec ce projet « sensibiliser la jeunesse calédonienne pour que les générations futures connaissent cette page de l’histoire calédonienne ».

Le gouvernement a, pour sa part, profité de la commémoration de l’arrivée de l’Iphigénie, bateau transportant le premier convoi de déportés il y a tout juste 160 ans, pour lancer la procédure d’inscription du bagne calédonien sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

Une telle inscription permettrait de « valoriser une histoire d’un petit peuple dans une dynamique mondiale », a déclaré Mickaël Forrest, le membre du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie en charge de la culture, à l’issue d’une conférence de presse mardi.

Le processus de demande d’inscription devrait prendre plusieurs années.

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