Un décès par balle a par ailleurs été recensé en marge du pillage d’un centre commercial, a annoncé la préfecture dans un communiqué, précisant qu' »aucun policier et aucun gendarme n’a fait usage de son arme » au cours de la nuit.
Depuis septembre, l’île des Antilles françaises est marquée par un mouvement contre la vie chère, thématique récurrente dans les Outre-mer, qui a dégénéré avec des violences urbaines.
La situation s’était calmée ces dernières semaines mais des incidents ont éclaté lundi entre les CRS et des militants qui menaient une action de blocage contre la vie chère au Lamentin, près de Fort-de-France.
Depuis, des violences urbaines sont à nouveau recensées chaque nuit.
« Douze gendarmes ont été légèrement blessés dont un par balle » dans la nuit de mercredi à jeudi, a indiqué à l’AFP une source préfectorale, précisant que ce bilan était provisoire.
Selon cette même source, « au moins trois magasins ont été incendiés » et plusieurs feux visant des parcs automobiles ont été enregistrés, dont un sur le port où sont garés les véhicules neufs importés en Martinique.
Les violences ont fait un mort: un individu blessé par balle « découvert » par des gendarmes qui intervenaient contre le pillage d’un centre commercial au Robert (est) et qui a été déclaré décédé à l’hôpital, selon la préfecture.
A 06H00 locales (midi à Paris), les pompiers s’affairaient à éteindre les braises encore fumantes des barrages érigés dans la nuit dans l’agglomération de Fort-de-France, a constaté un journaliste de l’AFP.
Des carcasses de voitures calcinées entravent la circulation sur un des principaux axes de Fort-de-France. La circulation est également très difficile sur la rocade de la ville.
Les affrontements s’étaient poursuivis jusque tard dans la nuit. De nombreuses vidéos circulaient sur les réseaux sociaux, montrant notamment une barricade enflammée sur la rocade de Fort-de-France et des jets de projectiles visant les véhicules tentant de la contourner.
– Ecoles fermées –
Les écoles de l’île resteront fermées jeudi, a indiqué à l’AFP le rectorat de Martinique.
Mercredi, le principal point de tension avait été la commune du Carbet (nord), où « quatre gendarmes ont été légèrement blessés » alors qu’ils effectuaient, avec succès, une opération de levée de barrage, a précisé à l’AFP la préfecture.
Un bâtiment municipal, servant de poste avancé à la toute nouvelle brigade territoriale mobile basée dans la commune, a en outre été totalement incendié.
Les forces de l’ordre et les manifestants s’étaient fait face dès mercredi matin sur ce barrage bloquant la RN2, l’axe principal reliant le nord-ouest et le centre de la Martinique.
« La gendarmerie, avec l’appui du maire, a tenté, toute la matinée, par le dialogue et la discussion, de progressivement faire lever ce point de blocage. Face à l’agressivité de certains individus, (…) qui les ont bombardés de projectiles, les gendarmes ont fait usage de la force », a indiqué la préfecture dans un communiqué.
Les protestataires avaient installé ce barrage dans le cadre d’une opération « île morte » lancée par plusieurs organisations militantes et syndicales, dénonçant notamment « les violences exercées par (les policiers de la) CRS 8 » lundi contre des militants anti-vie chère bloquant un important axe routier du Lamentin.
Plusieurs opérations escargot ont été menées sur les routes de l’île avant de converger vers le centre-ville de Fort-de-France mercredi à la mi-journée, a constaté un journaliste de l’AFP.
Le mouvement contre la vie chère a été lancé début septembre par le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), un collectif citoyen, qui exige un alignement sur l’Hexagone des prix des produits alimentaires qui sont 40% plus chers en Martinique.
Les violences urbaines qui en ont découlé avaient amené la préfecture à instaurer un couvre-feu nocturne, désormais levé, dans certains quartiers de Fort-de-France et du Lamentin.
Quatre tables rondes ont été organisées par les autorités depuis le début de la crise, sans issue jugée satisfaisante par les protestataires. Une cinquième est prévue jeudi afin « de présenter le plan d’action » des autorités, a annoncé la préfecture mardi.