« On fait le constat que la situation s’est dégradée en général, pas partout », a déclaré mardi Ivan Odonnat, directeur général de l’Iedom-Ieom, la banque centrale des territoires ultramarins français, lors d’une conférence de presse annuelle à Paris.
Conséquences de la pandémie de Covid, de l’invasion russe de l’Ukraine, de la récente annonce de droits de douane américains, les territoires d’Outre-mer souffrent d’une « vulnérabilité accrue », affirme M. Odonnat.
Elle est aggravée par des « chocs de nature interne », note-t-il, tel que le mouvement contre la vie chère en Martinique, les cyclones Chido à Mayotte, Belal et Garance à La Réunion, ou les émeutes en Nouvelle-Calédonie.
« Ces multiples chocs ont nui au climat des affaires en 2024 », écrivent les instituts dans leur communiqué de presse, décrivant une « dynamique économique enrayée ».
Ainsi, le chiffre d’affaires d’une majorité d’entreprises interrogées par le Iedom-Ieom a diminué, l’emploi baisse dans la plupart des territoires, la consommation des ménages s’essouffle et les incidents de crédit augmentent.
« A court terme, les perspectives d’activité sont peu favorables », poursuivent les deux instituts, notant qu’à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie en particulier, « une proportion croissante d’entreprises anticipe une défaillance dans les douze mois à venir ».
La situation économique est particulièrement difficile pour la Nouvelle-Calédonie, où les émeutes de 2024 ont fait 14 morts et plus de deux milliards d’euros de dégâts.
Par exemple, le nombre de salariés du privé au 4e trimestre 2024 a connu une baisse estimée à 17,2% dans ce territoire du Pacifique Sud.
« C’est comme si l’Hexagone avait un choc de disparition d’emplois de 3,6 millions en un laps de temps de 6 mois. C’est considérable », a estimé Stéphane Foucault, directeur du Iedom-Ieom -sur quelque 21 millions salariés du privé en France métropolitaine.
En revanche, la Polynésie française connaît une situation « plus favorable » pour le climat des affaires et « enregistre deux années successives de record de fréquentation touristique », avec, selon M. Foucault, « un effet d’entraînement sur le reste de l’activité économique ».
Le nombre de salariés du privé y a par exemple augmenté de 2,3% au dernier trimestre 2024.
Et M. Odonnat d’évoquer un facteur pouvant « alimenter un optimisme que je qualifierais de prudent »: « Ce sont des petites économies. Et donc, des situations qui sont, somme toute, assez facilement réversibles ».
Il appelle ainsi à des réformes structurelles, comme concentrer l’effort d’investissement sur la modernisation des ports, la transition énergétique et l’autonomie alimentaire.