Onze personnes devaient initialement être jugées devant le tribunal correctionnel de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Lille mais deux le seront finalement le 1er février, leur avocate étant retenue par un autre procès.
Sur les neuf prévenus, sous contrôle judiciaire, un ne s’est pas présenté au tribunal.
Les têtes pensantes du trafic seront jugées ultérieurement, a priori en 2022, par une cour d’assises spéciale.
Plus lourd volet de ce dossier, l’enlèvement et le meurtre en juin 2020 d’un docker du Havre -mis en examen depuis 2018 pour sa participation présumée à ces trafics- est toujours en cours d’instruction.
En ouverture du procès, la présidente de la formation correctionnelle de la JIRS, Audrey Bailleul, a souligné l’ampleur, avec un chiffre d’affaires de 4,5 millions d’euros, de ce trafic de cocaïne et de résine de cannabis entre l’Amérique latine, les Antilles et la métropole.
L’argent tiré de la cocaïne, cachée dans des conteneurs transportant des marchandises licites puis sortie du port grâce à des « complicités au plus niveau », était en partie réinvesti dans de la résine de cannabis, envoyée aux Antilles, avec une « rentabilité exponentielle ».
Plus d’1,8 tonne de cocaïne et 445 kg de résine de cannabis ont été saisis, a rappelé Mme Bailleul.
Niant y avoir participé, le docker tué en 2020 avait donné « un résumé assez complet du mode opératoire », confirmé par la sonorisation des lieux où se retrouvaient les mis en cause.
Pour ce « marché juteux », « la concurrence est rude », il y a des « trahisons », a souligné la magistrate, indiquant que des achats d’armes et des « projets d’assassinats contre des équipes concurrentes » apparaissent de façon récurrente dans les écoutes.
L’un des hommes renvoyés aux assises a été enlevé et aspergé d’essence, a-t-elle souligné.
Le premier prévenu entendu, Abdoulaye K., n’est pas un docker mais un habitant du quartier populaire jouxtant les terminaux du port et connaissant les organisateurs présumés du trafic.
Interrogé sur ses achats en liquide de produits de luxe et d’un séjour à Dubaï, ainsi que sur des conversations enregistrées selon lesquelles il aurait touché 50.000 euros, il a nié toute participation.