Ouverture d’un port de conteneurs géant au Sri Lanka, financé par la Chine

Le président Mahinda Rajapakse a inauguré ce terminal géant de 500 millions de dollars (376,4 millions d’euros) en chargeant –symboliquement– un conteneur sur le bateau M.V. CMA CGM Pegasus, une cérémonie retransmise en direct à la télévision.

L’Autorité des ports du Sri Lanka (SLPA), une agence publique, veut encore agrandir le port de Colombo, situé à mi-chemin sur la route commerciale entre l’Orient et l’Occident.

« Nous voulons tirer profit de la position géographique du Sri Lanka et en transmettre le bénéfice économique à la population », a déclaré le président.

Le terminal international de conteneurs de Colombo (CICT) est détenu à 85% par l’entreprise publique chinoise China Merchant Holdings International, le reste étant aux mains de la SLPA. Le port a été conçu pour accueillir des porte-conteneurs géants, capables de transporter 18.000 conteneurs, une première au Sri Lanka.

Près de ce nouveau terminal, les autorités srilankaises construisent une infrastructure supplémentaire qui portera à 6,1 millions de conteneurs la capacité annuelle du port de Colombo, contre 4,5 millions actuellement.

Le port de Colombo est par ailleurs protégé par un nouveau brise-lames, de 6,8 km, capable de résister à un tsunami, financé pour 300 millions USD par la Banque asiatique de développement et à 100 millions USD par le Sri Lanka.

En janvier, les autorités chinoises ont signé un accord pour acquérir le port pakistanais de Gwadar. Elles construisent par ailleurs un « port sec » (terminal pour les camions ou les trains) de 14 millions de dollars à Larcha, au Népal, près du Tibet.

Enfin, l’expertise et les financements chinois ont joué un large rôle dans la construction du port en eau profonde de Hambantota, dans le sud du Sri Lanka, qui a ouvert en 2012, un projet de 450 millions de dollars.

Le terminal inauguré ce lundi permet à la Chine de prendre pied le long d’une route maritime stratégique, note Rohan Masakorala, expert dans le transport maritime.

« Les investissements dans les terminaux sont une bonne affaire, qui offrent d’excellents rendements », déclare-t-il. « Et à travers cet investissement, la Chine s’assure aussi de la sécurité et de l’efficacité sur sa principale route d’approvisionnement ».

Selon cet expert, ancien secrétaire général du Conseil des transporteurs asiatiques, basé à Singapour, la moitié du commerce mondial transite par cette route entre l’Occident et l’Orient, et le Sri Lanka se trouve à mi-parcours.

Les investissements chinois au Sri Lanka ont suscité quelques inquiétudes en Inde, le grand voisin de l’ancien Ceylan. Mais l’Autorité des ports srilankais estime que l’Inde devrait être un des grands bénéficiaires de l’ouverture de ce nouveau terminal.

Plusieurs cargos qui font escale à Colombo sont des navires indiens, a rappelé récemment Priyath Bandu Wickrama, le patron de la SLPA.

Les bateaux indiens pourraient ainsi gagner jusqu’à quatre jours en passant par le Sri Lanka, au lieu de Singapour ou Dubai, selon le président de l’autorité srilankaise.

Les deux grands ports du sud de l’Inde, à Cochin et Tuticorin, ne sont pas suffisamment profonds pour accueillir les méga porte-conteneurs, tels que le MV. Maersk McKinney Moller, le plus grand au monde.

Les ports srilankais n’accueilleront pas de bâtiments militaires chinois, a ajouté Priyath Bandu Wickrama.

aj/pmc/fmp/tl

A.P. MOELLER-MAERSK

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