Lancé dans le cadre des accords franco-britanniques de Lancaster House en 2010, le programme FMAN/FMC a fait l’objet d’une mission parlementaire « inédite » entre les deux pays pour « interroger leur dépendance mutuelle » en matière de défense « à l’heure du Brexit », a déclaré Natalia Pouzyreff, députée LREM des Yvelines et rapporteuse de la mission, en présentant le rapport à la presse.
« On pourrait voir (dans le Brexit, ndlr) un obstacle et dire que la Grande-Bretagne pourrait se tourner vers le grand large », a ajouté Charles de la Verpillière, député LR de l’Ain et second rapporteur de la mission, évoquant les capacités industrielles des Etats-Unis en matière de défense.
Mais sa position et celle des auteurs français et britanniques du rapport est de considérer le Brexit comme une « opportunité » pour la poursuite d’accords bilatéraux entre les deux pays pour « contribuer à la défense de l’Europe ».
Le programme FMAN/FMC vise à remplacer à l’horizon 2030 les missiles anti-navires Exocet, utilisés par la France, et Harpoon par la Grande Bretagne pour viser des cibles navales, ainsi que les missiles de croisière SCALP et Storm Shadow, capables de toucher des cibles à terre, « en profondeur ».
Les gouvernements français et britannique ont chacun déjà investi 50 millions d’euros dans l’étude de concept menée depuis 2017 par le fabricant européen de missiles MBDA, co-entreprise entre Airbus (37,5%), le Britannique BAE Systems (37,5%), et l’Italien Leonardo (25%).
A l’issue de l’étude de concept, les deux gouvernements devront s’entendre sur le processus d’acquisition pour que les phases de design (2020-2024) et de production (2024-2030) puissent commencer.
Deux points principaux nécessitent une entente des deux pays: le « choix entre l’organisation d’une compétition ouverte et l’attribution, sans compétition préalable, du principal contrat à MBDA » et la recherche d’une solution pour combler le « trou capacitaire » lié au retrait « après 2023 » des missiles américains Harpoon utilisés par l’Angleterre.
Le rapport parlementaire commun souligne l’existence d’une « convergence stratégique et opérationnelle entre la France et le Royaume-Uni », ainsi que l’intérêt des deux pays à « partager le coût du développement de capacités militaires futures ».
A terme, la coopération entre les deux pays permettrait également, selon les parlementaires, de diminuer le coût unitaire des produits dans le cadre d’une commande qui pourrait se chiffrer en milliards, mais aussi d’améliorer la coopération militaire sur des opérations conduites en coalition, dans le cadre de l’OTAN par exemple.
Le rapport encourage également l’exportation des futurs missiles, notamment vers d’autres pays européens, « facteur clé pour baisser les coûts ».
Une première revue d’architecture des missiles en fonction des besoins opérationnels sera effectuée début 2019.
Les missiles actuels ne correspondent en effet pas aux besoins futurs des deux pays qui doivent « disposer de capacités renouvelées, plus modernes et avancées notamment pour le combat en haute mer », a déclaré Mme Pouzyreff, ajoutant que « l’idée qu’un conflit de haute intensité puisse ressurgir » avait été repoussée jusqu’à présent.
mdz/fka/mja
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