Après de longues semaines d’âpres pourparlers depuis début novembre, Britanniques et Européens se sont entendus en début de semaine sur les « totaux admissibles de captures » autorisés pour 65 stocks, dans les eaux dont ils gèrent conjointement les ressources dans l’Atlantique et la mer du Nord. Le texte prévoit notamment des échanges de quotas.
L’accord « couvre la totalité des eaux partagées et est basé sur les meilleures recommandations scientifiques disponibles. C’est une avancée dans l’application du traité commercial post-Brexit, et cela apporte de la prévisibilité à nos pêcheurs », s’est félicité le commissaire européen à la Pêche, Virginijus Sinkevicius.
Inquiets qu’aucun compromis ne soit trouvé avant le 1er janvier, les ministres européens de la pêche avaient approuvé par précaution la semaine dernière « un mécanisme d’urgence » reconduisant pour trois mois (janvier-mars) les quotas 2021 pour permettre aux pêcheurs de poursuivre leur activité.
Les ONG environnementales dénonçaient mercredi l’accord trouvé sur certains stocks déjà menacés de surpêche, Oceana rappelant que seuls 43% des quotas 2021 dans les eaux partagées UE/Royaume-Uni suivaient les recommandations pour garantir le maintien des stocks.
« Certaines ressources, comme le hareng à l’ouest de l’Écosse, le merlan en mer d’Irlande ou le cabillaud en mer Celtique, continueront d’être surexploitées en 2022 », a déploré Vera Coelho, d’Oceana.
« Les quotas fixés mettent en péril des stocks déjà vulnérables comme le cabillaud, souvent victimes de prises accidentelles (…) Comme à l’époque pré-Brexit, on donne la priorité aux intérêts commerciaux à court-terme », abondait Jenni Grossmann, de ClientEarth.
A l’inverse, les Vingt-Sept se félicitent d’un accord qu’ils jugent équilibré: « Le succès qui conclut ces pourparlers sur les quotas annuels constitue un très bon précédent pour nos autres négociations » avec Londres, a observé le ministre slovène Joze Podgorsek, dont le pays occupe la présidence tournante de l’UE.
Français et Britanniques se disputent notamment depuis presque un an sur l’ampleur des justificatifs que doivent fournir les pêcheurs européens pour obtenir une licence leur donnant le droit de continuer à travailler dans les eaux britanniques.
Paris a récemment annoncé qu’il demanderait à la Commission d’engager une procédure de contentieux pour obtenir d’ultimes licences supplémentaires.
Parallèlement, le Royaume-Uni et la Norvège ont annoncé mardi avoir conclu un accord de pêche bilatéral, le premier entre les deux nations depuis le Brexit, prévoyant un accès réciproque à leurs eaux et des échanges de quotas.
jug/fmi/nth