Après une nuit d’ultimes pourparlers à Bruxelles, les ministres chargés de la pêche ont arrêté les « totaux admissibles de captures » par espèces qui s’appliqueront à partir du 1er janvier aux pêcheurs européens dans l’Atlantique, la mer du Nord, en Méditerranée et mer Noire.
« C’est le meilleur résultat que nous pouvions obtenir pour assurer la continuité de nos flottes de pêche sans compromettre nos engagements en matière de durabilité » des ressources halieutiques, a commenté le ministre tchèque de l’Agriculture Zdenek Nekula, qui présidait la réunion.
Cet accord « préserve la capacité des pêcheurs à exercer leur métier (…) et prend en compte les efforts réalisés dans les plans de gestion existants (des stocks). Il faut des mesures adaptées aux réalités des façades maritimes », a indiqué à l’AFP le secrétaire d’Etat français à la Mer, Hervé Berville.
Une fois encore, la Méditerranée occidentale, minée par une surpêche endémique, a fait l’objet de tractations difficiles. Dans le cadre d’un plan de gestion adopté en 2019, une baisse jusqu’à 40% de l’effort de pêche y est prévue entre 2020 et 2025 pour atteindre une gestion durable des stocks.
Les Etats ont approuvé une réduction de 7% de l’effort de pêche des chalutiers en 2023, en maintenant un mécanisme de compensation allouant des jours supplémentaires aux chalutiers s’ils prennent des mesures additionnelles pour protéger les stocks, selon un communiqué.
Dans l’Atlantique, les ministres ont relevé les taux de captures pour plusieurs stocks ayant enregistré une nette amélioration, notamment pour le merlan, la sole et la langoustine dans le golfe de Gascogne. Ils ont reconduit les quotas actuels pour la plie à l’ouest de l’Irlande comme sur la façade Atlantique.
Par ailleurs, la Commission européenne voulait pratiquement interdire les captures d’anguilles durant une période de six mois correspondant à leur migration, une proposition fustigée par les organisations de pêcheurs.
Au final, les Vingt-Sept ont décidé « d’étendre à six mois la fermeture de toute activité de pêche commerciale d’anguilles dans les eaux marines et saumâtres », mais en permettant aux Etats d’ajuster cette période selon les zones de pêche, « de manière différenciée pour prendre en compte les différentes périodes de migration ».
S’il y a « de très modestes progrès » dans l’Atlantique, où « la gestion scientifique des ressources s’est avérée payante, permettant de relever les quotas », « les ministres se montrent peu disposés à enrayer la surpêche en mer Méditerranée (…) ou lorsqu’il s’agit de réduire les captures d’anguilles, en danger critique d’extinction », dénonce Vera Coelho, de l’ONG Oceana.