Inscrits sur une liste noire à titre de “pays non-coopérants”, les Etats visés risquent de voir le marché européen se fermer à toutes les captures des bateaux de pêche battant leurs pavillons.
“D’autres formes de coopération, telles que les opérations conjointes de pêche ou les accords de pêche avec ces pays” pourront aussi être interdites, tandis que les navires de l’Union européenne ne pourront plus pêcher dans leurs eaux, a précisé la Commission dans un communiqué.
Si elles sont avalisées par les ministres, qui ont jusqu’en février 2014 pour se prononcer, ces sanctions seront les premières infligées à des pays tiers par l’UE dans le cadre de la lutte qu’elle a engagée en 2008 contre la pêche illicite.
Selon la Commission, de 11 à 16 millions de tonnes de poissons sont illégalement capturées par an, ce qui représente au moins 15% de la pêche mondiale, menaçant la survie biologique des espèces et l’économie du secteur.
A ce stade, seule l’Espagne, première puissance de pêche industrielle de l’UE dont la flotte opère notamment au large de la Guinée a manifesté des réserves face à l’adoption de sanctions, selon une source européenne.
La Commission a aussi brandi des “cartons jaunes” à l’encontre d’un autre trio de pays, la Corée du Sud, le Ghana et le Curaçao, petit Etat autonome des Antilles.
Ils sont “avertis” de s’acquitter de leurs “obligations internationales en matière de lutte contre la pêche illicite”, sous peine d’encourrir eux aussi des sanctions à un stade ultérieur.
Cinq autres pays également mis en cause il y a un an — Fidji, Panama, Sri Lanka, Togo et Vanuatu — ont eux réalisés des “progrès crédibles”, leur garantissant l’indulgence européenne jusqu’à une prochaine évaluation en mars 2014.
Alors que l’UE importe 65% de sa consommation de poisson, “ces décisions attestent de notre ferme engagement à lutter contre la pêche illégale”, a commenté la commissaire à la Pêche, Maria Damanaki.
“L’Afrique de l’ouest a été identifiée comme une source majeure de pêche illégale, et mon intention est désormais d’appliquer la même approche dans le Pacifique”, a-t-elle ajouté.
Greenpeace a salué l’initiative de la Commission y décelant “une évolution très bienvenue en faveur de la pêche durable”.
“Il est crucial que les 28 garantissent que seul du poisson légalement pêché” arrive dans les assiettes européennes, a relevé la fondation environnementaliste américaine Pew.
Elle a appelé la Commission à poursuivre sa lutte contre la pêche illégale “en rendant public le nom des navires” la pratiquant, dont une dizaine au moins sont liés, selon les écologistes, à des propriétaires européens.