L’exécutif européen a identifié le Sénégal comme « pays non coopératif » dans la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, « à la suite de plusieurs années de lacunes et d’un manque de coopération », a-t-il indiqué dans un communiqué, affichant sa « tolérance zéro ».
En cas de non-conformité prolongée et persistante, les pays visés par un tel « carton jaune » peuvent se voir attribuer un « carton rouge », entraînant des sanctions comme l’interdiction d’exporter leurs produits de la mer vers l’UE.
Pour l’heure, la Commission va entamer « un dialogue formel » avec Dakar, pour lui laisser la possibilité « de réagir et remédier à la situation dans un délai raisonnable ».
Bruxelles déplore de « graves lacunes » dans les mesures du pays africain « pour se conformer à ses obligations internationales », pointant du doigt des « défaillances dans les dispositifs de suivi, contrôle et surveillance » pour les navires battant pavillon sénégalais dans les eaux extra-territoriales comme pour les navires étrangers au port de Dakar.
Par ailleurs, « des exportations illégales du Sénégal vers l’UE ont été détectées, ce qui compromet la fiabilité du système de traçabilité sur lequel repose la certification des produits de pêche », poursuit la Commission, regrettant « une volonté insuffisante de coopération » de Dakar.
Pour autant, Bruxelles « reconnaît l’engagement du nouveau gouvernement sénégalais » du président Bassirou Diomaye Faye « à remédier aux lacunes ».
La pêche est un enjeu politique dans le pays: M. Faye, investi en avril, a demandé « l’audit du pavillon sénégalais » visé par des soupçons de prête-noms ainsi que « l’évaluation des accords et licences de pêche » conclus avec des États tiers.
Dans le radar notamment, l’accord en vigueur depuis 2019 entre l’Union européenne et le Sénégal, qui expire en novembre et doit donner lieu à une évaluation de la part de la Commission avant l’ouverture de nouvelles négociations avec Dakar sur une éventuelle reconduction des quotas accordés aux Européens.
L’UE, premier importateur mondial de produits de la mer, applique depuis 2010 une réglementation stricte contre la pêche illicite, avec notamment une certification des captures destinées au marché européen.
Depuis 2012, la Commission a émis plus de 25 « cartons jaunes » à des pays tiers et adressé des cartons rouges à huit États (Belize, Cambodge, Comores, Guinée, Sri Lanka, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Cameroun, Trinité-et-Tobago). Tous ont été placés sur liste noire.
Parmi ces pays, le Belize, la Guinée et le Sri Lanka ont réalisé les changements requis pour sortir de la liste noire.