En vertu de ces mesures, formellement adoptées lors d’une réunion des ministres européens de la pêche et de l’agriculture, les captures des bateaux de pêche battant pavillon de ces trois pays ne pourront plus être importées dans l’UE.
Les navires de l’UE devront cesser de pêcher dans leurs eaux, tandis que les opérations conjointes de pêche ou les accords de pêche avec ces pays sont interdits, a précisé un communiqué du conseil de l’UE, qui représente les Etats.
L’UE, qui importe 65% de sa consommation de poissons, entend ainsi lutter contre une « activité criminelle et nuisible non seulement aux pêcheurs de l’UE, mais aussi aux communautés locales des pays en développement », ajoute le texte.
Les navires battant pavillon du Bélize ont notamment été mis en cause pour pêche pirate et pillage des ressources locales par le secteur de la pêche du Sénégal.
– Donner l’exemple –
« Cette décision est historique, et démontre que l’UE est la première à donner l’exemple » dans la lutte contre la pêche illégale, s’est félicitée la commissaire à la Pêche, Maria Damanaki.
Elle a appelé les trois pays visés à saisir l’occasion pour sortir de l’incurie. La Commission a précisé qu’elle continuera à « dialoguer » avec eux, et pourra proposer la levée des sanctions si elle juge leurs efforts crédibles.
Selon la Commission européenne, de 11 à 26 millions (bien 26 millions) de tonnes de poissons sont illégalement capturées par an, pour une valeur d’environ 10 milliards d’euros, ce qui représente au moins 15% de la pêche mondiale et menace la survie biologique des espèces et l’économie du secteur.
Les trois pays incriminés avaient été officiellement avertis du risque de sanctions en 2012, mais en dépit de cet avertissement et d’un soutien européen à la mise en place d’un contrôle efficace, « ils ont échoué à montrer un engagement réel » à lutter contre le piratage des stocks de poisson, souligne le Conseil.
Si elle n’a pas bloqué les sanctions, l’Espagne, première puissance de pêche industrielle de l’UE et dont la flotte opère notamment au large de la Guinée, a réclamé plus de « cohérence et de transparence » dans la procédure, selon une source européenne.
La Commission a aussi brandi des « cartons jaunes » à l’encontre d’un autre trio de pays, la Corée du Sud, le Ghana et le Curaçao, petit Etat autonome des Antilles, menacés d’encourir eux aussi des sanctions à un stade ultérieur.
La Commission doit également présenter sous peu un état des lieux pour cinq autres pays mis en cause il y a un an — Fidji, Panama, Sri Lanka, Togo et Vanuatu — mais ayant entretemps réalisé des progrès.
Quatre organisations de défense de l’environnement ont salué la prise de sanctions, une décision considérée par la fondation américaine Pew comme « un tournant » dans les efforts internationaux contre la pêche illégale.
Mais elles ont réclamé que les bateaux non-UE pêchant dans les eaux des pays sanctionnés soient aussi privés d’accès au marché européen.
Les défenseurs des mers plaident également pour que la Commission européenne fasse mieux le ménage en Europe, en s’en prenant aux éventuels propriétaires européens de bateaux identifiés comme « pirates ».