Lors d’une table ronde mardi à l’Assemblée nationale, organisée à deux semaines d’un vote sur le sujet au Parlement européen, M. Vincent a souhaité s’expliquer sur un texte « que tout le monde cite ».
« Dans ce papier, on lit que trois espèces sont au rendement maximum durable : doit-on conclure qu’il y a durabilité ? », a-t-il interrogé. « Cela veut simplement dire que pour certains stocks, l’exercice a été conduit de façon maximale » et « pour les autres stocks, nous avons un défaut de connaissance qui ne permet pas de porter les mêmes conclusions », a-t-il dit.
« En résumé, sur certains stocks, il y a durabilité, sur d’autres stocks, la connaissance est insuffisante », a-t-il ajouté.
Ce texte « avait une intention pédagogique (…) avec des raccourcis, et probablement trop de raccourcis » et il n’était pas « scientifiquement suffisamment précis », a-t-il fait valoir.
L’ONG Bloom, qui milite pour un plus stricte encadrement de la pêche profonde, a estimé mercredi dans un communiqué que le directeur général délégué de l’Ifremer avait « mis fin à une imposture scientifique française (…) en réfutant l’imaginaire durabilité des pêches profondes au chalut ».
L’association considère qu’à 15 jours du vote en plénière au Parlement européen, l’Ifremer « retire la maigre caution scientifique aux lobbies de la pêche profonde ».
Dans le texte de juillet 2012, l’Ifremer écrivait que « l’exploitation des stocks de poissons profonds a été amenée à un niveau soutenable, après la surexploitation au début des années 2000 ».
Ce document rappelait que des mesures (quotas, aires de protection) ont été prises à partir de 2003 pour endiguer le déclin des espèces profondes (empereur, certains requins, grenadier, sabre lingue bleue, mulet noir, grande argentine, etc.) et estimait que « la gestion des pêches actuelle (avait) déjà mis fin à l’essentiel de la surexploitation des poissons profonds ».
Le Parlement européen se prononcera le 10 décembre sur un nouveau règlement encadrant la pêche en eaux profondes, mais en commission Pêche les parlementaires n’ont pas suivi la Commission qui souhaitait interdire la technique de chalutage profond.
La France et l’Espagne s’opposaient à cette interdiction.