Dans une rare affaire de mobilisation de la société civile au Vietnam communiste, le tribunal de la région de Ha Tinh, dans le centre du pays, a reçu depuis lundi plus de 500 plaintes contre Formosa, ont annoncé mardi les militants soutenant les pêcheurs.
La pollution maritime due à l’entreprise Formosa, qui avait fait s’échouer sur les plages des tonnes de poissons en avril, avait eu un grand retentissement et provoqué de rares manifestations.
Les autorités vietnamiennes avaient réclamé 462 millions d’euros de dédommagement à l’aciériste taïwanais Formosa, qui devraient être versées début octobre.
Dans la ville de Ky Anh, des centaines de personnes se sont rassemblées devant le tribunal, vêtues d’un T-shirt barré d’un squelette de poisson, selon des images largement partagées sur les réseaux sociaux. Ceux-ci sont la voie habituelle d’expression du mécontentement social dans un pays où les manifestations sont habituellement non autorisées.
« Nous exigeons une compensation de Formosa, la fermeture de leur usine au Vietnam et une dépollution », a déclaré Dang Huu Nam, prêtre catholique très impliqué dans la mobilisation.
La police a été déployée sur place mais aucun affrontement n’a eu lieu, a précisé à l’AFP un des militants présents sur place, Tran Minh Nhat.
Les médias d’Etat avaient assuré que des compensations seraient versées aux victimes de la pollution début octobre. Mais aucune précision n’a été donnée jusqu’ici quant au dédommagement prévu pour les pêcheurs, suscitant leur colère et leur action judiciaire de masse.
Le pays communiste, grâce à ses 3.000 km de côtes, exporte énormément de poissons et de fruits de mer, un secteur qui lui a rapporté 5,8 milliards d’euros l’an passé.