Baltimore, port de taille moyenne
Le port de Baltimore a géré l’an dernier 1,1 million de conteneurs équivalent 20 pieds (EVP, la mesure utilisée par le secteur), d’après l’Association du commerce maritime du Pacifique.
A titre de comparaison, en France, le port du Havre a enregistré 2,6 millions d’EVP la même année. Le port de New York-New Jersey, le troisième aux Etats-Unis, 7,8 millions d’EVP.
« Il s’agit d’un port américain de second rang », car situé au fond de la baie de Chesapeake, précise à l’AFP Paul Tourret, directeur de l’ISEMAR, observatoire des industries maritimes.
« Il reçoit plutôt les trafics transatlantiques, des petits navires venus du Nord de l’Europe ou de la Méditerranée, mais aussi un certain nombre de lignes maritimes depuis l’Océan indien. »
Selon la société Allianz Trade, les importations de conteneurs via Baltimore représentent 2,1% du total des ports américains.
Le port de Baltimore n’en reste pas moins important pour certains secteurs, en particulier l’automobile: c’est celui par lequel transitent le plus de voitures neuves, plus de 800.000 l’an dernier.
Il est aussi important pour le transit de l’aluminium, du cuivre ou encore du charbon. L’an dernier, c’était même le premier du pays en termes d’exportation de charbon thermique, à destination de l’Inde, mais aussi de la Chine, du Canada ou des Pays-Bas, rappelle S&P.
Des conséquences mitigées
Les conséquences de l’accident devraient rester modérées car les navires peuvent se déporter sur d’autres ports régionaux, selon les experts.
Le blocage du port – pour une durée indéterminée – « aura peu d’impact sur le commerce entre les Etats-Unis et l’Europe », projette ainsi Patrick Lepperhoff, du cabinet Inverto.
« Au dernier trimestre 2023, environ 260.000 conteneurs standards ont été chargés et déchargés au port », écrit-il dans une note. « Ce volume peut être détourné vers les ports voisins, par exemple New York et Norfolk (Virginie, NDLR). Pour ces ports, cela signifie des volumes environ 10 pour cent plus élevés, ils devraient avoir cette capacité. »
Contactés, les constructeurs automobiles se disent attentifs. L’allemand Volkswagen a indiqué à l’AFP que ses opérations n’étaient pas affectées, puisque son usine de Baltimore reste accessible aux navires. Son compatriote BMW se dit dans un cas similaire. L’américain Ford a, lui, déjà « sécurisé des routes alternatives ».
De son côté, Mercedes-Benz exploite un terminal derrière le pont effondré, qui n’est plus accessible depuis la mer. Le constructeur de Stuttgart a indiqué dans la presse allemande étudier les itinéraires pour trouver des alternatives.
Mais des points d’attention
Il reste des points d’attention, en particulier pour le charbon, avertit une note de S&P. L’effondrement du pont a ainsi bloqué l’accès à deux terminaux d’exportation de ce minerai, ceux de Curtis Bay et de Consol Marine. L’accident pourrait perturber les exportations durant 10 à 15 jours, selon S&P.
Par ailleurs, les stocks portuaires de cobalt de Baltimore étaient déjà sous pression face à une forte demande, avant même l’effondrement du pont. D’autant plus que la crise du canal de Suez – où le trafic maritime a plongé, en raison des frappes des rebelles houthis sur les navires – a déjà entraîné des retards.
Pour le pétrole, toujours selon S&P, les approvisionnements en carburant pourraient se resserrer sur la côte atlantique alors que les navires cherchent à se ravitailler en dehors de Baltimore.
Dans tous les cas, la situation va ajouter de la pression sur les ports environnants, même si Allianz Trade voit un risque d’engorgement « limité » dans un contexte de demande mondiale « molle ».
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