Sur les barrages, salariés de l’interprofession portuaire, mais aussi de la construction navale, de l’aéronautique ou encore de la SNCF se côtoient au milieu des drapeaux CGT ou des banderoles « Retrait de la loi El Khomri, on lâchera rien », constate une correspondante de l’AFP.
« On est conscients des désagréments pour les gens mais le blocage c’est le seul moyen », souligne l’un d’eux.
« Ça fait deux mois qu’on est en lutte contre la loi El Khomri, qu’on manifeste en nombre », explique Sébastien Benoit secrétaire général CGT des chantiers navals STX France. « La surdité de ce gouvernement, ça a fait s’interroger un certain nombre de salariés, particulièrement des secteurs importants dans l’économie comme les raffineries les ports et docks, s’interroger sur le fait de faire grève complètement, de bloquer l’économie ».
« On sait toutes les difficultés que ça pose, la grève, pour les gens, on sait la pression du chômage des bas salaires qui fait s’interroger les familles sur le fait de participer à l’action », ajoute Sébastien Benoit. Pourtant « on a le soutien de tous ceux qui sont passés à travers les piquets ».
Sur le barrage, un salarié travaillant pour Sides (constructeur automobile de véhicules de secours notamment) est venu participer car selon lui, dans son entreprise, tous les accords sociaux ont été dénoncés. « Ils veulent revenir à la convention collective et donc ils sont en train d’anticiper le nouveau plan El Khomri », estime-t-il.
Malgré quelques rares tensions sur certains barrages, l’ambiance est calme et de nombreux salariés croisés, obligés de rejoindre à pied leur travail, se disent solidaires. « C’est une loi pourrie, si j’avais les moyens, moi aussi je ferais grève », relève une femme souhaitant rester anonyme.
« Je trouve ça normal, c’est légitime mais bon, moi j’ai besoin d’argent donc j’ai pas trop le choix, mais après je comprends et si je pouvais faire pareil je ferais pareil », renchérit Thierry employé chez un sous traitant dans l’aéronautique. William, qui travaille pour un sous-traitant de STX France « pense que ce n’est pas que la loi travail, c’est un mécontentement général. C’est une façon de montrer son avis quand le gouvernement n’a pas voulu écouter avant, malheureusement ».
Les grévistes de la zone portuaire s’inquiètent pour leurs collègues du secteur pétrolier qui bloquent, quelques kilomètres plus à l’est, à Donges, le dépôt pétrolier situé près de la raffinerie, elle-même en grève depuis vendredi. Après le déblocage au petit matin mardi de la raffinerie de Fos-sur-mer, des rumeurs d’intervention circulent et une bonne partie d’entre eux choisit de s’y rendre par précaution, en milieu de matinée.