Bernard Baiocco, ex-président de Thalès International Asia (Thint Asia), a été mis en examen le 15 décembre pour « corruption active d’agents publics étrangers sur les personnes de Najib Razak », à l’époque ministre de la Défense, et de l’un de ses conseillers, Abdul Razak Baginda, a précisé la source judiciaire.
L’ancien patron de Thint Asia, associée à la Direction des constructions navales (DCN) pour cette vente, a aussi été mis en examen pour complicité d’abus de biens sociaux, a précisé la source, confirmant une information de Challenges.
Une plainte de l’association malaisienne anticorruption Suaram avait déclenché une enquête préliminaire, puis une information judiciaire en 2012.
« C’est une étape importante et encourageante », a réagi l’avocat de Suaram, Me William Bourdon, contacté par l’AFP.
Au coeur de l’enquête, la vente en 2002, après plusieurs années de négociations, de deux sous-marins Scorpène et d’un sous-marin Agosta à la Malaisie pour près d’un milliard d’euros.
Les juges s’intéressent à des contrats de consultants passés en marge de la négociation et qu’ils soupçonnent d’avoir été utilisés pour verser des pots de vins à l’ancien ministre de la Défense, via son conseiller Abdul Razak Baginda. L’un de ces contrats, baptisé « C5 ingénierie commerciale », prévoyait le versement par la DCNI, filiale de la DCN, de 30 millions d’euros à Thalès International Asia.
Or, l’enquête montre qu’une autre société, Terasasi, dont l’actionnaire principal était le conseiller du ministre de la Défense, avait touché à peu près la même somme pour des consultations sur le dossier. Les enquêteurs soupçonnent ces consultations de n’être qu’un paravent pour les pots de vins.
Pour l’avocat de M. Baiocco, Me Jean-Yves Le Borgne, la mise en examen de son client repose sur « une acrobatie juridique », car « rien ne démontre » que l’ancien ministre avait reçu des fonds et que son conseiller doit être considéré comme un « agent commercial », donc en dehors du champ de la corruption d’agent public.
La polémique avait été alimentée par l’assassinat en octobre 2006 d’une interprète et intermédiaire mongole présente lors des négociations.
Najib Razak est déjà empêtré dans un autre scandale dans son pays, après des révélations sur le versement de près de 700 millions de dollars (635 millions d’euros) sur ses comptes personnels. Le procureur général, Mohammed Apandi Ali, a affirmé mardi qu’il s’agissait d’un don de la famille royale saoudienne, démentant l’hypothèse d’une corruption.