La diminution de la circulation virale observée au mois de juin ne se confirme pas au grand dam des autorités sanitaires.
« Malgré la saison sèche et la faible pluviométrie, la transmission du virus se maintient. Il y a une augmentation de cas en plein coeur de la saison sèche alors qu’on pourrait plutôt s’attendre à une baisse », a déclaré à l’AFP Thomas Margueron, responsable du service de lutte anti-vectorielle à l’ARS.
« Cette persistance de la dengue s’explique notamment par la présence à Mayotte de nombreux caniveaux encombrés de carcasses d’engins, de véhicules, de pneus et de beaucoup de dépôts sauvages dans lesquels les eaux usées ne s’écoulent pas et qui constituent des gîtes larvaires par excellence », a expliqué M. Margueron.
La prolifération des moustiques, vecteur de la maladie, perdure ainsi malgré la saison sèche. et à Mayotte, île d’environ 250.000 habitants, c’est le moustique tigre (rayé noir et blanc) qui pose problème.
« Il pique le jour, il est donc impératif de se protéger le jour et nous encourageons chacun à consulter un médecin au moindre symptôme », a souligné M. Margueron.
Quatre formes de dengue
Le nombre total réel de cas survenus dans l’île est très probablement beaucoup plus élevé étant donné que les personnes malades ne vont pas systématiquement consulter un médecin, et la dengue ne se traduit pas toujours par l’apparition de symptômes classiques que sont les maux de têtes, de fortes fièvres, des courbatures.
« La dengue peut provoquer entre autres des hémorragies, des saignements de nez et des plaques bleues sur la peau dans le dos. On a une chance sur mille de mourir, selon les statistiques internationales. 3% de formes graves conduisent en réanimation et on peut y passer », a mis en garde le responsable sanitaire.
On ne peut attraper la dengue qu’une fois, on est ensuite immunisé, mais il existe quatre formes de dengue: on peut attraper quatre fois la dengue sous ces différents types.
Selon les experts de l’ARS, nombre de ces cas de dengue sont « importés » par des personnes revenant d’un séjour dans les îles voisines des Comores mais des cas « autochtones » ont ensuite été détectés.
Les actions de lutte anti-vectorielle ont été renforcées: les équipes de pulvérisation ont été doublée pour atteindre 60 agents, avec des embauches de contractuels et des renforts de la Réunion. Dix agents de l’ARS de la Réunion — qui avait connu une grave épidémie en 2005-2006 – se relayent tous les 15 jours.
L’ARS accompagne aussi les communes dans leurs actions de prévention et de lutte contre la prolifération des moustiques.
Des campagnes d’information et de communication sont renforcées auprès des professionnels de santé et de la population et impliquent les « cadis », autorités religieuses influentes dans la société mahoraise à 90% musulmane.