Prix du gazole: « On va dans le mur », selon les patrons de chalutiers bretons

Quimper, 15 sept 2023 (AFP) – Des patrons de chalutiers de Pêcheurs de Bretagne, plus importante organisation de producteurs en France, ont réclamé vendredi une « vraie politique » de soutien à la pêche au chalut, qui risque de « disparaître » face à la flambée du gazole.

« On est presque rendu à 90 centimes le litre de gazole. Ce prix ne convient pas au niveau de la rentabilité des entreprises. C’est inacceptable, on va droit dans le mur », a dénoncé Ludovic Le Roux, président de l’organisation, au cours d’une conférence de presse à Quimper.

« La question, c’est: on fait quoi? Quel est l’avenir de la pêche française? Est-ce qu’on reste une industrie nourricière? Ou tout s’arrête et on importe du poisson? », a-t-il interrogé.

Deuxième plus grande organisation de producteurs en Europe, Pêcheurs de Bretagne réunit 237 chalutiers qui pêchent chaque année 47.500 tonnes de poissons, pour 200 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Selon plusieurs patrons d’armements, le coût du gazole représente aujourd’hui environ 40% du chiffre d’affaires. « Aujourd’hui, on peut presque dire qu’un chalutier hauturier, qui va faire 14 jours de mer, ne va faire que payer le gazole pendant la première semaine », a dit l’un d’eux.

« Si ça continue à ce prix-là, aucun de nous ne sera là dans un mois », a lancé Stéphane Pochic, armateur à Loctudy (Finistère), devant une douzaine de représentants de l’organisation.

Les entreprises de pêche touchent actuellement une aide de 20 centimes par litre de gazole mais celle-ci est plafonnée par entreprise. Elle doit prendre fin le 15 octobre 2023.

Les Pêcheurs de Bretagne réclament un relèvement des plafonds d’aide. Sinon « les bateaux vont rester à quai », a prévenu Yves Foëzon, directeur de l’organisation. « La pêche française va être très vite décarbonée car il n’y aura plus de chalutier pour aller en mer », a-t-il ironisé.

Très gourmands en gazole, les chalutiers représentent 56% des débarquements de poissons de l’organisation. L’activité de nombreuses criées bretonnes dépendent à plus de 80% de la pêche au chalut, selon l’organisation.

« Si une partie de cette flottille vacille, ce sont les économies de certains territoires qui seront fortement impactés », a souligné Thierry Guigue, directeur adjoint de Pêcheurs de Bretagne.

Selon M. Pochic, certains armateurs « regrettent de ne pas avoir mis l’intégralité de leurs bateaux » au plan de casse post-Brexit « alors qu’ils auraient pu le faire ».

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