« Nous avons réussi à faire passer un message »: comme ses autres camarades mardi, Peter Sterligov, 37 ans, ex-légionnaire d’origine russe, a revendiqué ce « commando » du 5 octobre 2018.
« Les idées que nous portons prennent de l’ampleur. Quelle que soit l’issue du procès, que nous soyons condamnés, envoyés en prison, il y a des millions de personnes qui pensent comme nous », a insisté Peter Sterligov, un des 22 prévenus jugés depuis lundi et jusqu’au 19 octobre pour violences volontaires en réunion, devant le tribunal correctionnel de Marseille.
Une 23e militante, qui avait filmé les événements de l’extérieur, est accusée de diffusion d’images relatives à la commission d’infraction d’atteintes volontaires à l’intégrité de la personne.
Aujourd’hui chef des services techniques de la ville (RN) de Beaucaire (Gard), Peter Sterligov regrette seulement, « en son nom », avoir pu heurter la sensibilité des salariés de SOS Méditerranée.
Paul Goudard, lycéen aixois de 19 ans à l’époque de l’assaut, aujourd’hui technicien en radioprotection, est le seul prévenu à s’être dit « désolé »: « Si j’ai des regrets, c’est pour les conséquences que cela a pu avoir sur des personnes ». Mais « je ne regrette pas cette action », ajoute-t-il aussitôt, se revendiquant « toujours identitaire ».
Comme les autres, Paul Goudard a défendu une « action pacifique à retentissement médiatique ». Le fait d’être entré en criant « On est Génération identitaire » était selon lui de nature à rassurer les salariés de SOS Méditerranée: « On est pacifique, on n’a jamais violenté personne ».
Son engagement dans les rangs de Génération identitaire, avant sa majorité, a été précédé de tâtonnements politiques: « J’ai commencé à m’intéresser à la politique avec des mouvements de gauche », avant d’adhérer au Rassemblement national, explique-t-il.
Interrogé sur des messages dans son téléphone évoquant l’idée de s’armer d’une matraque lors d’opérations d’affichage pour Génération Identitaire ou son intention de « traquer les migrants » à la frontière lors d’une opération dans les Pyrénées, le prévenu les a expliqués par « des paroles d’un jeune militant bête et immature ».
Au troisième jour du procès de ce commando de Génération Identitaire, groupe d’extrême droite dissous en mars 2021, seuls deux prévenus étaient présents devant le tribunal, qui « a pris acte » de ces défections, en les regrettant, notamment celle de Romain Espino, ex-porte-parole de ce mouvement.
« Si on revendique une action politique, on n’a rien à se reprocher », a pointé Me François de Cambiaire, avocat de SOS Méditerranée, dénonçant l’intervention en cours de procès, sur une antenne de radio, d’Anne-Thais du Tertre, alias Thaïs d’Escufon, étudiante de 23 ans, invisible à la barre depuis lundi.
Elle « poursuit une campagne de dénigrement et de diffamation », a déploré l’avocat.