Les experts Jose Francisco Cali Tzay et David Boyd, spécialisés dans les droits des populations indigènes et l’environnement, ont estimé que la mine dont la mise en service est prévue dans la région de Gallok aurait un impact négatif sur l’élevage des rennes, principale source de subsistance dans cette région de l’Arctique.
Les deux experts indépendants, nommés par l’Onu mais qui ne s’expriment pas en son nom, se sont déclarés préoccupés par « l’absence de consultations menées de bonne foi, et la non obtention préalable du consentement libre et informé des Samis ».
Selon eux, le projet controversé de l’entreprise britannique Beowulf, sur lequel le gouvernement suédois doit se prononcer en mars, présente « des risques considérables et irréversibles pour le territoire, les ressources, la culture et le mode de vie des Samis ».
Les Samis, dont la population totale est estimée à 100.000 personnes dont 20.000 à 40.000 en Suède, s’opposent à la mise en service de la mine de fer de Gallok/Kallak, située près de la ville subarctique de Jokkmokk, notamment car elle empêcherait l’élevage des rennes, perturberait la chasse et la pêche et dénaturerait l’environnement local.
– Soutenus par Greta T. –
Samedi dernier, la militante suédoise pour le climat Greta Thunberg a manifesté avec des représentants samis contre le projet.
« Nous pensons que le climat, l’environnement, l’air pur, l’eau, l’élevage des rennes, les droits des peuples autochtones et l’avenir de l’humanité doivent avoir la priorité sur le profit à court terme d’une entreprise », a déclaré la militante dans un message vidéo transmis à la presse.
MM. Tzay et Boyd ont averti que l’exploitation de la mine générerait de grandes quantités de poussière contenant des métaux lourds, et des déchets toxiques qui affecteraient l’environnement et l’eau de source.
En outre, ont-ils prévenu, le transport quotidien du minerai par rail et par la route couperait les itinéraires habituels des grandes migrations des rennes.
Les deux experts ont déploré dans leur communiqué « l’insuffisance de l’évaluation » des dégâts environnementaux que causerait l’exploitation de cette mine, soulignant que le gouvernement suédois avait l’obligation, conformément aux lois internationales, de protéger les droits des peuples autochtones et l’environnement.
Seul peuple autochtone d’Europe, les Samis habitent dans les vastes étendues de l’Arctique, dans le nord de la Finlande, de la Norvège et de la Suède, ainsi que dans la péninsule russe de Kola.
Durant la majeure partie du 20e siècle, ils ont été considérés comme non civilisés et inférieurs, subissant une politique d’assimilation brutale.
Au cours des cinq dernières années, la Finlande, la Norvège et la Suède ont pris des mesures pour réparer les injustices du passé, mettant en place des « commissions vérité » et rapatriant des objets samis volés.
Mais les Samis estiment que leurs droits continuent à être ignorés, dénonçant l’intention du gouvernement d’ouvrir une partie de leur territoire riche en minerais aux sociétés minières.