Quelques semaines après l’accord historique signé lors de la COP15 de Montréal sur la biodiversité, quelque 3.000 officiels, scientifiques, membres d’ONG et de groupes autochtones se retrouvent à Vancouver dans l’ouest du Canada pour le 5e congrès des aires marines protégées (Impac) jusqu’au 9 février.
Un rendez-vous « crucial » selon les scientifiques car si les pays du monde entier se sont mis d’accord en décembre pour protéger 30% de la planète d’ici 2030, le cadre doit encore être précisé.
Et la marche est immense pour les océans, qui devront voir leurs zones protégées, c’est-à-dire celles où l’activité humaine est restreinte, voire interdite, plus que tripler.
Avec pour objectif de préserver les espèces animales (poissons, cétacés, coraux…) et la faune présentes dans ces milieux, en raison de leur fragilité et de la richesse de leur biodiversité.
Le sommet, qui se tient normalement tous les quatre ans, a lieu avec deux années de retard en raison de la pandémie. Il doit se conclure jeudi par des rencontres de ministres de différentes régions du monde.
« Nous devons repenser nos politiques, nos économies, nos priorités pour mieux refléter le rôle important que joue la nature dans notre santé, notre bien-être et notre durabilité économique », clame le Canada, qui accueille le sommet.
Couvrant près des trois quarts de la surface terrestre, les océans, qui abritent un quart des espèces connues, sont cruciaux pour l’avenir de la planète et pour l’humanité car ils absorbent 30% des émissions de CO2 dues aux activités humaines et jouent un rôle important dans la régulation du climat.
« La COP15 a marqué un tournant historique dans les efforts de conservation de la nature » mais « la pression est maintenant forte, non seulement pour atteindre l’objectif numérique, mais aussi pour s’assurer que nous le faisons bien », explique à l’AFP Pepe Clarke de l’organisation WWF. Certains experts craignent en effet la « politique du chiffre ».
– « Rejeter » certaines « industries » –
Des hauts lieux de biodiversité ou des espaces particulièrement vulnérables qui méritent des mesures urgentes de conservation ont été identifiés, rappellent les scientifiques.
Et il est essentiel également d’avoir des discussions planétaires pour « établir un réseau mondial, écologiquement représentatif et qui protège de manière adéquate toute la gamme des types d’écosystèmes », ajoute Pepe Clarke.
D’autant plus qu’en protégeant et en gérant plus durablement nos océans, cela permettra de les rendre plus résistants aux changements climatiques.
Et même si « l’objectif ambitieux de protéger 30% de l’océan d’ici 2030 au sein d’aires protégées de haute qualité est atteint », il faut aussi mettre en place « une gestion appropriée des 70% restants de l’océan », rappelle l’ONG Pew Charitable Trusts.
Pour Sian Owen, directrice de la coalition pour la protection des eaux profondes (DSCC), il est notamment « crucial que les industries existantes et émergentes qui menacent notre océan profond soient rapidement et sans équivoque rejetées et que nous gérions durablement les 70% restants. »
Dans ce dossier, les États membres de l’ONU se réunissent de nouveau fin février pour tenter d’aboutir à un traité pour la protection de la haute mer, une session qui doit en principe être la dernière.
Protéger ces eaux internationales, qui couvrent près de la moitié de la planète, est crucial pour la santé de l’océan tout entier, riche en biodiversité, et capital pour limiter le réchauffement de la planète.