Recherche: inquiétudes sur l’avenir de l’Institut polaire français

Paris, 12 avr 2024 (AFP) – Le personnel de l’Institut polaire français-Paul-Emile Victor (Ipev), qui met en oeuvre la recherche scientifique en Antarctique en Arctique, s’inquiète d’un projet de rapprochement avec l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer), craignant qu’il fragilise leur établissement déjà sous-doté.

Fin mars, la direction générale de la recherche et de l’innovation (DGRI) est venue présenter au personnel de l’Ipev à Plouzané (Finistère) un projet d' »intégration » dans une direction de l’Ifremer, également basée à Plouzané, selon un courrier du personnel consulté par l’AFP.

Le ministère a de son côté précisé, vendredi lors d’un point presse, qu’il s’agissait d’un « rapprochement » avec l’Ifremer. En « aucun cas l’Ipev ne va disparaître du paysage », a-t-il assuré.

La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Sylvie Retaileau pourrait donner des clarifications la semaine prochaine, lors d’un déplacement dans l’archipel du Svalbard en Norvège où elle rencontrera les scientifiques de la base de la recherche franco-allemande Awipev.

« Pour l’instant, on est dans le flou avec deux discours: la DGRI qui nous parle d’intégration, le ministère de rapprochement. Deux scénarios complètement différents », a dit à l’AFP Catherine Ritz, présidente de l’assemblée générale des financeurs de l’Ipev, qui emploie une cinquantaine d’agents permanents.

« Les personnels redoutent d’être noyés dans un gros institut », l’Ifremer emploie 1.500 salariés, précise la responsable. « L’Ipev et l’Ifremer, ça n’est pas la même expertise », fait-elle également valoir, soulignant que le financement de l’Ipev « en déficit chaque année, ne lui permet pas de remplir ses missions ».

Une intégration entraînerait une « dissolution » du statut actuel de l’Ipev, un Groupement d’intérêt public (GIP) qui lui confère à une « agilité » en matière de recrutement, ce que ne permet pas selon elle le statut de l’Ifremer (établissement à caractère public et commercial).

« Chaque année, l’Ipev recrute environ 200 contractuels pour partir dans les stations polaires. Parfois on doit recruter quelqu’un en une semaine pour partir 14 mois », développe Catherine Ritz.

« Il n’y a pas de modèle figé pour l’instant », a-t-on précisé au ministère. L’objectif du rapprochement est de « renforcer l’Ipev et la capacité française à mener des recherches en terrains polaires ».

En novembre 2023, le président Emmanuel Macron a annoncé un investissement d’un milliard d’euros dans la recherche polaire d’ici 2030.

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